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Reviewed by:
  • When Ego Was Imago: Signs of Identity in the Middle Ages by Brigitte M. Bedos-Rezak
  • Pierre Chastang
Brigitte M. Bedos-Rezak When Ego Was Imago: Signs of Identity in the Middle Ages Leyde, Brill, 2011, xxix- 295 p.

Ce recueil regroupe une dizaine d'articles publiés entre 1992 et 2009 par Brigitte Bedos-Rezak, spécialiste de l'histoire des sceaux médiévaux. En mettant en pratique une réflexion menée de longue date sur l'intertextualité à l'œuvre dans l'écriture, l'auteure est parvenue à composer un livre qui, tout en respectant l'«air d'indépendance» (p. 1) que possède nécessairement chaque chapitre, retrace de manière raisonnée les étapes d'une réflexion au long cours portée sur les sceaux, en évitant les effets de progression linéaire et de clôture discursive qui résultent le plus souvent de ce type d'exercice. Le dispositif de la couverture, qui prive le sceau des honneurs du titre pour l'installer comme imago, invite à envisager plusieurs parcours de lecture – orientés par la double tension confrontant l'objet et le signe au champ théorique et au sens pratique – qui convergent pour produire un point de vue critique sur le statut traditionnel du sceau, objet du désir du connoisseur et lieu du savoir de l'antiquaire.

Sur le terrain de la sigillographie médiévale, B. Bedos-Rezak propose une réflexion épistémologique ambitieuse dans laquelle la démarche historique se nourrit des apports de la sémiotique. L'auteure voit en effet dans les formes sociales qui se sont succédé au cours de l'histoire l'expression de «modèles associatifs» qui relient idées, objets et pratiques sociales en un ensemble cohérent mais variable. Chacune des configurations formées au cours de l'histoire confère au monde social une figure particulière et le changement opère par l'évolution de ces modèles associatifs.

B. Bedos-Rezak pense que c'est par la théorie présentée comme «la chaîne et la trame de la réalité sociale» (p. 2) que l'on ressaisit le mieux le contexte social plus large dans lequel les pratiques des acteurs se déploient et prennent sens. Si ce tropisme de l'histoire intellectuelle est toujours articulé à une réflexion globale sur la société médiévale, il n'est pas certain que cette valeur quasi ontologique accordée à la production théorique des clercs échappe totalement à ce que Pierre Bourdieu qualifiait d'illusion scolastique. Quoi qu'il en soit, elle a eu pour effet positif de conduire l'auteure à s'efforcer de penser ensemble deux corpus textuels – les chartes scellées comme produits de l'écrit pratique et certains traités préscolastiques du Nord de la France liés au débat eucharistique – que la tradition académique, forte des certitudes que confèrent les typologies savantes, avait tenu soigneusement séparés.

Dans son analyse des chartes et des sceaux, l'auteure privilégie le processus de production de ces objets qui peut être décomposé en une série de situations au cours desquelles ils apparaissent comme engagés dans des rapports sociaux. Cette volonté de ne pas réifier ex post les traces sur lesquelles se fonde le travail de l'historien et de restituer, dans son historicité propre, la plénitude de leur efficience passée conduit B. Bedos-Rezak à interroger [End Page 995] de manière critique les catégories à travers lesquelles ces objets et ces pratiques ont été perçus. Pensons, pour les études des textes de la pratique, à la prégnance du droit ou à l'héritage d'un ordre moderne des discours, fondé sur la notion d'original et réglé par le modèle de la linéarité de l'engendrement, ou, pour le sceau, aux diverses formes de réduction dont il a pu être l'objet – à un signe de validation, à une image, à un moulage…–àla suite de son annexion par la tradition de savoirs antiquaires ayant trop longtemps fait fi de la relation qui s'établit, dans l...

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