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Reviewed by:
  • Post-Roman Transitions: Christian and Barbarian Identities in the Early Medieval West dir. by Walter Pohl and Gerda Heydemann
  • Magali Coumert
Walter Pohl et Gerda Heydemann (dir.) Post-Roman Transitions: Christian and Barbarian Identities in the Early Medieval West Turnhout, Brepols, 2013, 580 p.

L'expression «École de Vienne» vient saluer, parmi les spécialistes du haut Moyen Âge, la façon dont Walter Pohl a su rassembler de jeunes chercheurs européens à l'Institut für Mittelalterforschung. Les contributions qui sont rattachées à cette rencontre sont partagées entre le volume ici recensé et celui qui suit dans la même collection1. Les langues utilisées soulignent l'ouverture internationale des participants, dont un tiers a été formé à l'institut viennois. Leurs recherches ont en commun d'explorer les pistes ouvertes par la théorie de l'ethnogenèse de Reinhard Wenskus, à savoir l'hypothèse que les peuples de l'Antiquité et du haut Moyen Âge ne sont pas des groupes fermés, structurés par l'endogamie, mais des regroupements en perpétuelle recomposition, fondés sur le sentiment d'appartenance, subjectif, de chacun de leurs membres.

La proximité des titres des deux volumes ainsi que leur caractère général illustrent deux des contraintes majeures du projet éditorial. Tout d'abord, le fait que l'École de Vienne est un lieu de discussions et de rencontres, mais ne constitue nullement un cadre rigide. Les travaux de chaque chercheur gardent leur propre logique, quitte à proposer des approches divergentes. Ainsi, l'article de John-Henry Clay tente de reconstruire une chronologie concernant les Saxons de l'Ouest du ve au viiie siècle en utilisant les fouilles archéologiques (où les immigrants se reconnaîtraient à leur taille) et des sources écrites postérieures au viiie siècle et contradictoires entre elles. Il suit une [End Page 989] approche bien plus traditionnelle que les travaux qui l'entourent. Pour la plupart, ceux-ci analysent la contradiction des sources postérieures comme un témoignage des rivalités contemporaines de leur rédaction, et non du passé, tandis que les modèles de l'interprétation ethnique des découvertes archéologiques sont remis en cause, notamment par Philipp von Rummel et Irene Barbiera. Cette dernière montre de façon convaincante que les dépôts d'armes dans les tombes de guerriers ne sont pas une innovation importée en Italie, et suppose que leur fréquence croissante, à partir du ve siècle de notre ère, correspond au remplacement des inscriptions et représentations funéraires devenues trop onéreuses.

La seconde contrainte tient à la difficulté conceptuelle à cerner la période de transition, entre le début du ve et la fin du viie siècle de notre ère, où l'autorité des empereurs, de Rome jusqu'en 476 mais aussi de Constantinople, cohabita avec celle de rois qui, dans la plupart des cas, s'appuyait sur un groupe ethnique particulier, comme les rois des Goths en Aquitaine après 418. L'introduction de W. Pohl vient ainsi proposer un cadre général bienvenu, appuyé sur les travaux les plus récents, pour tenter de définir les caractéristiques d'une période qui, dans l'historiographie et l'enseignement français, demeure partagée entre l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge. L'Empire romain y reste la référence commune, les auteurs de la période étant, comme les chercheurs contemporains, confrontés à la force du récit idéologique romain sur la mission civilisatrice de l'Empire. Aucune des oppositions manichéennes qu'il porte, comme Romains/Barbares ou continuité/catastrophe, ne permet pourtant de saisir une évolution sociale et culturelle complexe. Sur le sol romain, «des Romains barbares et des Barbares romains rivalisèrent pour le pouvoir dans un cadre impérial qui ne put être maintenu partout au cours des événements» (p. 3).

Ce n'est que progressivement que les Romains et leur Empire ne furent plus la référence implicite des discours de légitimation des nouveaux pouvoirs. Jamie Wood vient ainsi démontrer combien il...

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