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Reviewed by:
  • Being the Nação in the Eternal City: New Christian Lives in Sixteenth-Century Rome by James W. Nelson Novoa
  • Piroska Nagy
James W. Nelson Novoa Being the Nação in the Eternal City: New Christian Lives in Sixteenth-Century Rome Peterborough, Baywolf Press, 2014, x- 343 p.

L'histoire des nouveaux chrétiens portugais (conversos) s'écrit souvent en parallèle avec celle des diasporas juives qui quittèrent la péninsule Ibérique à la fin du XVe siècle. Tandis que l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 semble préfigurer l'exil ou la conversion forcée au catholicisme des juifs du roi du Portugal en 1497, la création de l'Inquisition espagnole en 1478 paraît quant à elle annoncer la mise en place du Saint-Office portugais entre 1531 et 1547. Au-delà des relations de cause à effet qui existèrent entre ces événements et les populations d'origine juive de ces deux monarchies, le livre de James Nelson Novoa retrace une histoire bien moins déterministe des conversos. Ses recherches portent sur les individus qui fabriquèrent la nation des nouveaux chrétiens portugais (nação) dansla Rome du xvie siècle.

L'intention première de ce livre n'est pas de réécrire l'histoire de la diaspora séfarade à l'époque moderne. Au fil des trois premiers chapitres, J. Nelson Novoa reprend la thèse désormais classique d'António José Saraiva pour raconter comment l'identité collective des nouveaux convertis fut renforcée face à celle des anciens chrétiens par l'arrivée de l'Inquisition au Portugal. L'afflux des conversos à Rome suivit les pourparlers que le roi Jean III de Portugal (1521-1557) établit avec le pape à propos de l'Inquisition. En 1531, Clément VII autorisa la fondation des premiers tribunaux, mais il fallut attendre 1547 pour que Paul III puisse confirmer l'indépendance juridictionnelle du Saint-Office portugais. Durant cette période, les représentants des nouveaux chrétiens portugais à Rome suspendirent momentanément l'implantation de celui-ci (1544) et entravèrent à maintes reprises ses campagnes à leur encontre.

À partir de ces prémisses, J. Nelson Novoa explique que la nação se concevait comme un sous-groupe de la nation portugaise capable d'agir de manière indépendante au sein de l'administration vaticane. Le concept de nation renvoie ici à un groupe dont l'identité collective était articulée autour d'une langue, d'un éthos et d'origines juives communes, soit un ensemble galvanisé par l'opposition à la machine inquisitoriale. Tout en précisant les modes d'existence de cette nação, bien souvent en marge des communautés juives de cette époque, l'auteur ne s'attarde pas sur la question de la cohérence religieuse des conversos. Cette approche lui permet de penser ce groupe à la croisée de multiples interactions politiques sans que l'hétérogénéité sociale de ses membres vienne en contredire les principes fondamentaux d'appartenance.

Dès les premières pages, il est clair que les négociations nécessaires à la survie de la communauté des nouveaux chrétiens portugais (octroi de grâce et de privilèges, tolérance religieuse, commerce et économie d'empire et opposition à l'Inquisition) se comprennent mal sans une étude des protecteurs de la nação à Rome. Bien que ce groupe ne disposât pas des structures caractéristiques des organisations nationales à Rome (églises, hospices), il bénéficiait néanmoins d'une reconnaissance officielle dans le concert des nations de la Ville Éternelle. Cette reconnaissance lui permit de compter sur des agents bien placés dans les rouages administratifs et judiciaires de la Chambre apostolique et de la Curie romaine. Sans négliger l'influence que ces derniers obtinrent à Rome, grâce à leurs connexions avec le commerce ou l'administration de l'empire portugais, l'auteur constate combien le concept de nation fut important à l'heure de transmettre au pape les griefs et les demandes les plus pressantes des conversos portugais.

En plaçant Rome au coeur des débats portant sur la construction politique de l'expérience conversa...

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