Abstract

Les réformes juridiques et politiques en matière d'agression sexuelles ont pour objectif d'encourager les femmes à dénoncer les agressions qu'elles ont subies. Mais qu'en est-il de la gestion policière de ces dossiers? Si l'analyse du taux d'attrition indique des moments critiques où les procédures sont abandonnées, on en connait moins sur les décisions, diverses et complexes, que prennent les femmes dans leur contact avec le système de justice pénale, et sur les craintes et les contradictions qui interviennent dans leurs relations avec la police. Dans le présent article, l'auteure discute les résultats d'une étude sur des survivantes d'agression sexuelle qui ont porté plainte à la police dans une ville canadienne de taille moyenne. L'étude portait sur leurs expériences, depuis la décision de porter plainte jusqu'à leurs interactions avec les agents de première ligne et les enquêteurs. Alors que certains policiers ont suivi les procédures en répondant de façon profession-nelle et sans jugement, d'autres ont plutôt réagi en fonction de ce qu'ils considéraient comme un « vrai viol » et ont exprimé de l'incrédulité et du scepticisme, démontrant qu'ils comprennent mal les effets du traumatisme. Bien que les taux d'accusation et de poursuite ne se soient pas améliorés, les résultats de cette étude montrent que les survivantes qui s'adressent à la police s'attendent de plus en plus à une réaction positive. Certaines femmes ont envie de croire que les « choses ont changé » ou que leur expérience est unique. À une époque où, officiellement, l'égalité est croissante et les attentes plus élevées envers la police, les résultats de cette étude révèlent qu'il y a encore du chemin à parcourir avant que l'on puisse garantir aux femmes l'égalité dans l'application de la loi sur les agressions sexuelles.

A specific goal of law and policy reform has been to encourage women to come forward with sexual assault complaints, but has the nature of the police response improved to warrant this encouragement? While analyses of attrition point to important junctures where cases are dropped, less is known about the diverse and complex decisions women make to engage the criminal justice system and the apprehensions and contradictions that play out in their dealings with the police. This article presents the results of a study of sexual assault survivors whose assaults were reported to the police in a mid-sized Canadian city through the analysis of their experiences, from the decision to report to the police through to their interactions with front-line officers and sexual assault investigators. While some police officers delivered procedural justice in the form of a professional nonjudgmental response, others acted on "real rape" understandings of sexual assault and conveyed disbelief, scepticism, and a poor understanding of the effects of trauma. Although charging and prosecution rates have not improved, results of this study show that survivors who engage with police are increasingly likely to expect a positive response. Some women were willing to trust that "things have changed" or their experience was unique. In an era of growing formal equality and heightened expectations of police, results of this study show that there is a long way to go before women are guaranteed equality in the application of sexual assault law.

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