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  • La diffusion de la collection de Gilbert l'Anglais dans la France du Nord
  • Anne Lefebvre-Teillard*

Dans l'enseignement qu'ils délivraient à Paris durant les premières années du XIIIe siècle, Petrus Brito et ses élèves faisaient une utilisation fréquente de la collection de Gilbert l'Anglais. C'est ce qui m'a incitée à m'intéresser de plus près à la diffusion de cette collection hors de Bologne. L'incitation était d'autant plus forte que deux des manuscrits de la collection de Gilbert qui nous ont été conservés, le manuscrit Lambeth Palace 105 et le manuscrit 1407-1409 de la Bibliothèque Royale de Bruxelles, contenaient également, comme j'ai pu antérieurement le démontrer, l'enseignement de ces maîtres parisiens sur la Compilatio prima.1 Etait-ce un pur hasard ? On sait combien au fil des siècles et des évènements, le hasard joue non seulement dans la conservation des manuscrits mais également dans le cheminement qui a conduit les 'survivants'à leur destination actuelle. Si l'on ajoute à cela l'intervention des relieurs qui assemblent parfois des manuscrits de nature fort différente, mais pas forcément de provenance différente, on aperçoit toute la difficulté qu'il y a à retracer l'histoire d'un manuscrit. C'est pourquoi on ne la connaît bien souvent, et encore, que dans ses grandes étapes. Néanmoins il y avait là une 'coïncidence'que je ne pouvais négliger. Elle m'a donc conduite à entreprendre cette étude sur la diffusion de la collection de Gilbert l'Anglais dans la partie septentrionale de la France. Seul ont été retenus, dans le cadre de cette recherche, les manuscrits ne contenant que la collection de Gilbert, à l'exclusion de ceux contenant à la fois celles de Gilbert et d'Alain l'Anglais. [End Page 69]

On sait très peu de choses au sujet de Gilbert si ce n'est qu'il était anglais et qu'il a enseigné à Bologne au tout début du XIIIe siècle. Grâce à l'étude fondamentale que Rudolf von Heckel lui a consacrée en même temps qu'à la collection d'Alain l'Anglais (circa 1206), on connaît mieux sa collection de décrétales dont les plus récentes datent de la fin de l'année 1202. Cette étude fondée essentiellement sur deux manuscrits provenant de l'abbaye de Weingarten, conservés à la Landesbibliothek de Fulda, a été publiée en 1940.2

C'est en partant d'elle que j'ai mené ma propre recherche. Elle a porté sur sept manuscrits dont les contenus ont été analysés par référence à l'édition d'Heckel. Nous examinerons, en premier, en quoi ces manuscrits sont, à des degrés divers, témoins de cette diffusion. Nous chercherons ensuite à en dégager les traits caractéristiques.

Les manuscrits témoins de cette diffusion

Ce sont, dans l'ordre alphabétique de leurs lieux de conservation actuels, les manuscrits suivants :

  • *. Bruxelles B.R. 1407-1409 fol. 93r-148v [Bx]

  • *. Douai BM 649 fol. 59v-67v + fol. 161r-162v [Do]

  • *. Durham Cathedral Chapter C.III.3 fol. 75r-121v [D]

  • *. London, Lambeth Palace 105 fol. 219r-267v [La]

  • *. London BL Harley 3834 fol. 140r-201v [H]

  • *. Paris BNF lat. 3922A fol. 227vb-234va [Gilbert R.]

  • *. Uppsala Universitetsbibl. C 551 fol. 1r-54vb [Upp.]

Cette liste n'est pas exhaustive. Elle comporte néanmoins un nombre respectable des exemplaires actuellement connus qui ne sont pas des manuscrits italiens, id est rattachables à l'Italie au point de vue codicologique, et donc 'importés'. Le critère est arbitraire car l'importation en elle-même témoigne déjà d'une [End Page 70] diffusion, mais il permet, me semble-t-il, de mieux mesurer la diffusion réelle de la collection de Gilbert en France.

En effet mon intention n'a pas été seulement d'analyser le contenu de chaque manuscrit, mais également de tenter d'en déterminer l'origine. Les catalogues des bibliothèques, anciens pour la plupart, donnent quelques indications sur les lieux où nos manuscrits ont pu être...

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