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  • Haïti : Deux siècles de création artistique, and: Haïti : Deux siècles de création artistiqueby Mireille Pérodin-Jérôme et Régine Cuzin, and: Création plastique d’Haïtidir. by Carlo Célius
  • Christoph Singler
Haïti : Deux siècles de création artistique. Paris, Grand Palais, novembre 2014– février 2015.
Haïti : Deux siècles de création artistique(catalogue). Par Mireille Pérodin-Jérôme et Régine Cuzin. Paris : Réunion des musées nationaux, 2014. ISBN 9782711861590. 231 pp. €39 relié.
Création plastique d’Haïti. Sous la direction de Carlo Célius. Dossier Gradhiva, n° 21, 2015.

D’emblée une remarque : ce fut un événement important. Et pourtant je suis partagé, sans doute en raison du lieu, le Grand Palais : Roulement de tambours, fanfares, discours gravés dans le marbre de l’Histoire. Ce ne fut pas une exposition d’art, ce fut l’exécution d’un acte de politique bilatérale. Premières pages du catalogue, tapis rouge pour les personnalités : des deux côtés, force présidents, ministres et autres dignitaires. Un comité scientifique de neuf membres, quatre spécialistes de l’art haïtien ; Anthony Bogues, le directeur du Département d’Études africaines à Brown University, et Jean-Martin Hubert, spécialiste des arts contemporains non-occidentaux ; enfin, trois peintres qui exposent en même temps—Mario Benjamin, Hervé Télémaque et Édouard Duval-Carrié. Cherchait-on à diversifier ce comité, ou n’y a-t-il pas assez d’historiens spécialistes ? Est-ce que la taille du comité prouve l’importance ou la complexité du sujet ? Enfin, l’entrée triomphale par la porte « H » : « H » pour Haïti selon Duval-Carrié qui aménageait cette entrée en « Invitation au voyage à l’Ile de Cythère ». Une féerie résolument kitsch, ou plutôt « métakitsch » comme la toile qu’il présente dans l’exposition, choisie sans doute par lui-même, une œuvre qui, dit-on, subvertit l’imagerie rococo de Watteau plaquée sur [End Page 153]Saint-Domingue. On pénètre donc dans le Grand Palais, mais par la plus petite des portes possibles - juste à côté de l’entrée principale qui conduit à la grande salle voutée, où ont lieu les expositions de la Monumenta. En quelque sorte, par l’entrée des domestiques.

Montons l’escalier jusqu’au premier étage. On se retrouve dans un espace difficilissime à aménager : 600m 2, une salle au plafond lointain, mais en forme de couloir d’environ 50 x 12 m, avec une entrée qui est aussi la sortie, ce qui fait que l’exposition s’organisait grosso modo en 2 allées faisant aller-retour, divisées par des arrangements de sculptures au milieu qui laissaient heureusement des passages généreux entre les deux côtés. Vue la tâche, la scénographie est remarquable, même si certains choix sont contestables, dont la tour de Mario Benjamin, ou l’entassement des peintures non contemporaines. Tous les moyens sont déployés pour escamoter l’étroitesse de cet espace, en variant sensiblement les ambiances en fonction des œuvres tout en baignant l’ensemble d’une lumière homogène.

Le choix d’œuvres effectué par les deux commissaires Régine Cuzin et Mireille Pérodin-Jérôme est pertinent, varié, privilégiant le contemporain sans aucun doute, mais non sans montrer de belles pièces du modernisme classique (Luce Turnier, Lucien Price, Jacques Gabriel, parmi d’autres) ; il inclut la diaspora artistique, tout en offrant une vue diversifiée de la « scène artistique » locale actuelle, sachant que le contemporain est toujours le terrain le plus contesté. On peut en rester là : la visite de l’exposition offrait de vraies découvertes, à côtés des « classiques » comme Héctor Hyppolite, Saint Brice, Obin, etc. Elle réussit ainsi à donner une vision d’ensemble évitant mythes, stéréotypes et autres réductionnismes autour de l’art haïtien, bien au-delà de l’art populaire défendu depuis Breton...

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