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  • Amérique du Nord: Canada francophone
  • Adina Balint
Lohka, Eileen. Déclinaisons masculines. Saint-Boniface: Les Éditions du Blé, 2015. isbn 9782924378267. 158p.
Delvaux, Martine. Blanc dehors. Montréal: Héliotrope, 2015. isbn 9782923975689. 190p.
Mazigh, Monia. Du pain et du jasmin. Ottawa: Éditions David, 2015. isbn 9782895974543. 267p.
Proulx, Monique. Ce qu’il reste de moi. Montréal: Boréal, 2015. isbn 9782764623817. 432p.
Leblanc, Charles. Les Lieux de l’ amour. L’ Amour des lieux, dessins de Bertrand Nayet. Saint-Boniface: Les Éditions du Blé, 2015. isbn 9782924378236. 72p.
Hallion, Sandrine, Bertrand Nayet et Charles Leblanc, coords. Voix, portraits de douze auteurs. Saint-Boniface: Les Éditions du Blé, 2015. isbn 9782924378205. 340p.

Fiction

Lohka, Eileen. Déclinaisons masculines. Saint-Boniface: Les Éditions du Blé, 2015. isbn 9782924378267. 158 p.

Paru aux Éditions du Blé, le captivant recueil de nouvelles Déclinaisons masculines, d’Eileen Lohka, nous fait visiter une galerie de portraits d’hommes dont les actions et destinées nous conduisent à réfléchir sur ce que signifie être “humain.” À partir de son Île Maurice natale, en passant par l’Amérique latine et jusqu’à Haida Gwaii, l’auteure nous propose une myriade d’histoires qui prennent la forme de textes divers: nouvelles, poèmes, aphorismes, fragments, ouvrant sur de multiples horizons et des paysages sensibles et contrastés.

Le premier poème, “Déclinaisons masculines,” se lit comme une dédicace qui introduit différentes figures d’hommes et qui souligne les dichotomies cocasses dans lesquelles ils peuvent parfois être pris:

[. . .] Aux héros, aux saints Aux menteurs et voleurs. Aux hommes dans leur grandeur Et leur mesquinerie. Leur bonté et leur méchanceté. Leur inconscience. Leur cruauté. L’âme du petit garçon en eux. Leurs grands yeux.

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D’ailleurs, des nouvelles comme “Les yeux de la haine,” “Au battant de la lame,” “Sans-chagrin,” “Papa,” par-delà les types d’hommes qu’elles déploient, posent une question simple et en même temps complexe: que peut la littérature face au vécu? Inscrire des expériences et les partager, transformer l’intimité et la petite communauté en questionnement universel, mettre au jour des histoires personnelles en rapport avec la grande Histoire . . . Souvent, les récits dans le récit ne sauraient être résumés. Ne déflorons pas le “secret” qui en fait le cœur — rappelons simplement le titre d’une nouvelle: “Peut-on dire avec tes mots?” Ici, la vérité ne réside pas dans les réponses positives, les preuves établies, les analyses péremptoires, mais dans les questions éternellement en suspens, parfois, dans les mots d’esprit: “La vieillesse se décline . . . sans déclin” (119). Pour l’auteure, les faits n’existent que par le récit qui en est donné.

Cette présence de la narration dans la narration, la polyphonie énonciative, [End Page 166] la tonalité épique des poèmes, ainsi que le renvoi constant entre souvenir et oubli, mensonge et vérité, Histoire et fantasme, bonheur et malheur, cette présence de la révélation proche mais impalpable ont quelque chose de fascinant sous la plume sensible et précise d’Eileen Lohka.

Delvaux, Martine. Blanc dehors. Montréal: Héliotrope, 2015. isbn 9782923975689. 190 p.

Blanc dehors — le troisième roman de Martine Delvaux, après Rose amer et Les Cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage — questionne, par le biais de l’autofiction, le rapport de l’écrivaine à ses origines, alors que son père est parti avant sa naissance, laissant à sa mère le soin de s’occuper seule du bébé. Delvaux écrit:

Je ne lui [au père] en veux pas d’être parti, d’avoir choisi de faire sa vie au lieu de s’occuper de la mienne, je n’arrive pas non plus à lui en vouloir d’avoir fait souffrir ma mère parce que les histoires d’amour sont ce qu’elles sont et encore plus à vingt ans, je regrette seulement que son absence m’ait laissée aux prises avec des brèches, des strates, des sédiments, un monde de ruines, ce sac et ce ressac qui ne...

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