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Reviewed by:
  • From North Africa to France: Family Migration in Text and Film by Isabel Hollis-Touré
  • Taïeb Berrada
Hollis-Touré, Isabel. From North Africa to France: Family Migration in Text and Film. Londres: Institute of Modern Languages Research, 2015. isbn 9780854572403. 164p.

Cette étude, relativement brève, porte sur l’immigration maghrébine en France et plus particulièrement, comme l’indique le titre, sur la migration des familles maghrébines dans des textes et des films francophones. Comme cela est mention-né dans la quatrième de couverture, ce travail tente de constater les mutations qui ont eu lieu en matière d’immigration, avec notamment le passage d’une migration d’hommes à un regroupement familial, autrement dit, à une migration de femmes et d’enfants. Selon l’auteure, ce regroupement aurait créé de nouveaux enjeux, tant au niveau de la société hôte que dans la représentation des immigrés. Cette étude se donne donc pour tâche de révéler de quelle manière les films et les romans analysés présentent de nouvelles manières de penser l’immigration maghrébine.

L’ouvrage propose quatre chapitres où l’on retrouve parfois les mêmes films et les mêmes romans, analysés sous des angles différents. L’introduction propose une brève réflexion sur l’exil et ses conséquences, notamment en ce qui concerne les difficultés du cheminement des migrants vers l’appartenance au pays hôte. En partant de la réflexion sur le genre de Judith Butler et du travail du sociologue Abdelmalek Sayad, Hollis-Touré explique que le sens de l’appartenance des immigrés dépend de la manière dont ils ou elles sont perçu(e)s à travers le regard de l’autre et précise que l’exil, la perte du chez-soi, sont en fait vécus différemment selon les sexes et les générations. Ces déplacements de populations troublent, selon elle, le sens d’une appartenance non seulement culturelle mais bouscule aussi les rapports aux sexes et à la famille. Les représentations qui sont alors privilégiées sont celles des familles maghrébines et des conséquences de leur émigration en France ainsi que de leur tentative de s’intégrer. Il s’agit ici d’accorder une attention particulière aux relations entre sexes et aux rapports intergénérationnels, en analysant à la fois la division au [End Page 215] sein des familles migrantes lors de leur arrivée en France et l’idée du retour au pays natal, aspect central de l’immigré souvent ignoré par ce que Hollis-Touré appelle le “lecteur occidental.” En proposant une étude comparative entre les œuvres, l’auteure développe le thème des proximités et des transgressions des espaces sexualisés dans l’immigration et tente de montrer de quelle manière le regroupement familial appelle à renégocier ces espaces.

Le premier chapitre traite de la relation qui existe entre le discours nationaliste dans les débats publics sur l’immigration et le discours de non-appartenance qui apparaît fréquemment dans la représentation migratoire. L’auteure aborde l’analyse de deux documentaires très connus, La Traversée d’Élisabeth Leuvrey et Mémoires d’immigrés: L’Héritage maghrébin de Yamina Benguigui. Décrivant l’expérience d’un entre-deux des immigrés maghrébins, Hollis-Touré considère par exemple la mer, dans le documentaire de Leuvrey, comme la manifestation physique d’un es-pace neutre et temporaire où les voyageurs ont la possibilité, lors de la traversée, de se représenter eux-mêmes plutôt que d’être représentés. La mer deviendrait ainsi un tiers-espace qui ne serait pas affecté par des discours d’appartenance et d’identité. L’échec de l’intégration des immigrés en France est illustré dans le documentaire de Benguigui comme étant ce qui ne tient pas compte du pluralisme culturel français. Ainsi, le nationalisme dans les discours politiques s’avère très peu pertinent pour la représentation souvent fragment...

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