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Reviewed by:
  • Le Roman féminin ivoirien by Moussa Coulibaly
  • Edgard Sankara and Edgard Sankara
Coulibaly, Moussa, coord. Le Roman féminin ivoirien. Paris: L’Harmattan, 2015. isbn 139782343057156. 184p.

Comme le titre l’indique, Le Roman féminin ivoirien, ouvrage collectif dirigé par Moussa Coulibaly, concerne uniquement les romancières ivoiriennes. Le roman féminin ivoirien a commencé en 1976 avec la parution de Les Danseuses d’Impé-Eya de Simone Kaya. L’émergence du roman féminin ivoirien s’est produite dans les décennies 1980–2000 et a permis un élargissement des thèmes traités. Cet ouvrage collectif a connu la contribution presque exclusive d’enseignants-chercheurs ivoiriens à l’exception de Daniel S. Larangé, venu de Finlande. Il s’articule autour de trois axes: l’étude des innovations stylistiques, du renouvellement du personnel féminin et des nouvelles thématiques dans ces œuvres.

Dans “De la diglossie au silence, esthétique romanesque chez Régina Yaou,” Moussa Coulibaly examine les efforts d’innovation d’une pratique d’écriture combinant deux versants contradictoires: une poétique diglossique et une poétique du silence dans trois romans de Yaou. La diglossie, selon Moussa Coulibaly, concerne l’“intrusion” de la langue maternelle de l’auteur (l’alladjan) dans un texte en fran-çais. Coulibaly a tôt fait de dire que la diglossie est inhérente à de nombreux romans africains, masculins et féminins, mais il omet de montrer en quoi elle constitue une innovation chez Yaou. Il note cependant que, loin d’être subversive, la diglossie permet à l’auteure de communiquer librement sa pensée. Coulibaly voit une valeur stylistique dans la cohabitation d’une langue africaine et du français, et il assure que “tout lecteur potentiel de ses textes n’est pas dérouté par cette nouvelle écriture qui entremêle deux langues dans la production d’un même discours” (25). Cette étude stylistique établit l’identification du “métanarrateur” des romans et de l’auteure Yaou à travers le “je” narrant. Coulibaly s’attarde en second lieu sur le “silence” comme forme narrative manifestée typographiquement par les points de suspension (en réalité les ellipses), les onomatopées, les interjections et les pauses. Il soutient que cette écriture du silence permet d’exprimer autrement le non-dit en engageant la participation du lecteur. L’auteur conclut que, mieux que le français, l’alladjan permet à Regina Yaou une expression plus authentique. [End Page 192]

L’article de Junior Vianney Koffi analyse Loin de mon père (2011) de Véronique Tadjo autour des formes de l’autoreprésentation: métafiction et autofiction spéculaire. Koffi cherche à analyser les aspects de la métafiction dans le roman de Tadjo et à en relever les codes de lisibilité. Pour l’auteur, l’usage de la métafiction est une innovation, une “écriture ‘neuve,’” qui permet une théâtralisation de Tadjo dans son roman. Koffi identifie déjà un inconfort chez les critiques francophones dans l’utilisation même qu’ils font du terme métafiction, d’origine anglophone. Selon lui, la métafiction résiderait dans une expression des commentaires explicites de l’auteur et de ses représentants sur l’engendrement du texte, ce qui l’apparente à une écriture au second degré. Après ce long détour théorique, l’auteur essaie de détecter, dans le roman de Tadjo, des personnages écrivains, représentatifs de l’auteure de Loin de mon père: le père qui a laissé un cahier, Uche Praise, auteur d’un livret de prières, Julien Roche, Gabrielle, le notaire parisien, etc. Koffi considère ces différents personnages comme des “figures auctoriales” sans toutefois développer cette affirmation. Pour Koffi, il y aurait une mise en abyme de l’histoire dans la figure de la mère de Nina, qui serait la détentrice initiale du cahier laissé par le père, sans toutefois qu’il explicite cette notion problématique. Il voit une forme d’autoreprésentation dans le fait que le père de Nina ait ébauché un roman sur la vie d’un homme dont les initiales ky correspondraient au nom du père Kouadio...

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