Abstract

La Plage d’Ostende, de Jacqueline Harpman, est non seulement le récit d’une grande passion amoureuse entre Émilienne Balthus et le peintre Léopold Wiesbeck, mais aussi celui de l’émergence du pouvoir créateur d’Émilienne. La rencontre de Léopold fait germer en elle un processus de création extraordinaire par lequel elle devient tout à la fois artiste et œuvre, processus qui s’articule autour des motifs du regard et du miroir et des mythes de l’androgyne, de Narcisse et de Pygmalion. Cet article explore les diverses modalités créatrices d’Émilienne, dans sa relation avec Léopold, qui lui permet de devenir mère et enfant de son amant et de s’auto-engendrer; dans la peinture et l’aménagement des maisons, qui lui renvoient son propre reflet; et enfin, dans l’écriture de son histoire, le livre que nous lisons, dont elle est l’auteur et l’objet. À travers le personnage d’Émilienne, Harpman nous invite à une réflexion sur l’acte créateur, qui est pour elle quête identitaire et quête de complétude.

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