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  • Les ingénieurs des Mines : cultures, pouvoirs, pratiques ed. by Anne-Françoise Garçon and Bruno Belhoste, and: La Maison des mines. La genèse révolutionnaire d’un corps d’ingénieurs civils, 1794–1814 by Isabelle Laboulais
  • Malik Mellah
Anne-Françoise Garçon et Bruno Belhoste (dir.)
Les ingénieurs des Mines : cultures, pouvoirs, pratiques
Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2012, 484p.
Isabelle Laboulais
La Maison des mines. La genèse révolutionnaire d’un corps d’ingénieurs civils, 1794–1814
Rennes, Pur, 2012, 375p. et X p. de pl.

Les deux ouvrages tendent de manière différente à dessiner, autour du corps des Mines, une forme de pragmatique des savoirs, à partir de la manière dont ces savoirs scientifiques, techniques ou administratifs construisent des sphères d’action distinctes.

Le premier volume a été publié pour célébrer le bicentenaire des lois de 1810, en particulier le décret du 18 novembre, constitutif du corps des ingénieurs des Mines, un ensemble de décisions qui fixe son positionnement dans les instances de l’administration et contribue à lui assigner une fonction sociale. Il est intéressant [End Page 812] de relever le pluriel utilisé dans le titre : il prend sens à la lecture des quatre parties qui structurent l’ouvrage et qui correspondent aux grands domaines dans lesquels le corps des Mines s’est distingué : sciences et diffusion du savoir ; innovation et industrialisation ; sécurité et environnement ; ressources énergétiques et minérales. La trentaine de contributions d’historiens ou d’ingénieurs renvoie en effet à un ensemble de jeux, de relations, de liaisons ou de tensions complexes. Là réside le grand intérêt de ces actes de colloque, faire le lien entre une histoire interne du corps des Mines et un environnement complexe qui renvoie à de multiples histoires : celles des savoirs administratifs, des savoirs scientifiques, du rôle de l’État ou de la politique industrielle notamment. Il s’agit de faire dialoguer les différentes composantes de l’univers de ce corps des Mines, dont l’« esprit » est mis en question dans la communication introductive d’Anne-François Garçon puis dans la conclusion de Bruno Belhoste autour de tensions entre différentes « raisons ». On distingue notamment une « raison des mines », pratique et modeste, et une « raison des machines », celle des calculs et des mathématiques. Il serait vain de rendre compte de l’ensemble des communications. Deux axes semblent devoir retenir notre attention.

En premier lieu, et particulièrement dans la première partie, les contributeurs apportent des éléments sur le rôle important joué par l’ingénieur des Mines dans un mode français d’articulation des savoirs scientifiques avec les réalités industrielles et la politique de développement menée par les pouvoirs publics, nationaux mais également internationaux (dans le cas de la communication sur Arthur Fontaine et son activité au Bureau international du travail). La riche communication de Michel Armatte forme une sorte de pivot en montrant de manière contextualisée la contribution aux théories et ingénieries économiques d’un corps qui a pour mission « d’intervenir sur les tissus économiques et sociaux de la nation pour y traduire à la fois les impacts du développement scientifique et les politiques publiques d’un État volontariste » (p. 58–59). Isabelle Laboulais montre comment la production de la carte géologique de France, parmi « les grandes œuvres » du corps des Mines, est révélatrice des rapports complexes de l’administration avec la science dans un premier XIXe siècle marqué par une dissociation institutionnelle, introduite en 1810, entre missions de service et missions scientifiques. À une carte à l’échelle nationale, produite à l’aide des savants parisiens dans le cadre de l’École des mines, s’opposent les cartes minéralogiques départementales des ingénieurs en station. Si l’ingénieur des Mines peut s’emparer des savoirs minéralogiques et les utiliser, il ne contribue pas aux progrès de la géologie. En s’attachant à quelques figures et à leur « culture » de la rationalisation, cette partie fournit des d...

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