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  • Die Tagsatzung der Eidgenossen. Politik, Kommunikation und Symbolik einer repräsentativen Institution im europäischen Kontext (1470–1798) by Andreas Würgler
  • Christophe Duhamelle
Andreas Würgler
Die Tagsatzung der Eidgenossen. Politik, Kommunikation und Symbolik einer repräsentativen Institution im europäischen Kontext (1470–1798)
Epfendorf, Bibliotheca academica, 2013, 717p.

La diéte fédérale suisse (Tagsatzung) est une institution paradoxale. Véritablement établie à la fin du Moyen Âge, elle se distingue par une remarquable continuité puisque certains de ses traits perdurent jusqu’au XXIe siècle. À l’époque moderne, « il ne se passe pas une année sans qu’ait lieu une diète » (p. 179). Celle-ci est un lieu privilégié de rencontre entre les Suisses et les ambassadeurs étrangers, bien qu’aucune règle écrite n’organise cette institution qui, pour un Jean Bodin, est secondaire au regard de la souveraineté résidant en chacun des cantons helvétiques. L’historiographie germanophone helvétique n’a pas ignoré la diète et, dès le XIXe siècle, ont été compilés et publiés les vastes regestes des décisions des [End Page 806] diètes sur lesquels se fonde une bonne partie du présent ouvrage ; mais elle n’a pas consacré d’étude générale à ce qui pourtant, à l’époque moderne, est la seule véritable matérialisation de la Confédération. Quant à la recherche en langue française, elle s’y est d’autant moins appliquée que la plupart des cantons francophones n’ont rejoint de plein droit la Confédération, à l’instar de Genève, qu’après 1798.

Autant dire que l’ouvrage d’Andreas Würgler – dont les travaux précédents sur les cultures politiques populaires ont contribué à renouveler ce champ – répond à un besoin. L’auteur se donne les moyens d’une étude sinon exhaustive, dumoins suffisamment solide pour constituer désormais la référence absolue sur la diète helvétique et, au-delà, un point de passage obligé pour toute comparaison concernant les institutions représentatives et délibératives de l’Europe ancienne, ainsi que, plus largement, ses différents modes d’organisation politique. Qu’on en juge : ce livre massif prend en compte 2 008 réunions générales ou partielles et 64 175 affaires traitées. Revendiquant un « pluralisme de méthodes », l’auteur promeut une approche statistique trop souvent négligée actuellement par une histoire du politique qui confond la féconde démarchemicro-historique avec l’éloge de la singularité et oublie que la méthode quantitative est parfois seule à permettre d’appréhender la logique des pratiques. C’est sur cette base qu’A. Würgler peut déployer tout l’arsenal de l’« histoire culturelle du politique » qui, dans l’historiographie germanophone, a récemment mais puissamment élevé les rites, les symboles, les communications et les querelles de rang au statut d’objets aussi dignes d’intérêt que la seule décision politique. L’ouvrage s’achève par l’étude de témoignages étrangers (théoriciens, ambassadeurs et voyageurs) sur cette diète si singulière, puis par une réflexion sur les possibles critères d’une comparaison européenne des assemblées représentatives et délibératives. Pour les lecteurs non germanophones, il comprend également un résumé de huit pages en anglais 1.

La diète fédérale présente de nombreux visages. Elle réunit les envoyés tantôt de tous les cantons, tantôt de certains d’entre eux ; les « conférences » où s’assemblent uniquement les protestants ou les catholiques prennent en particulier une importance parfois prépondérante au cours de la période, déterminant une quasi-bipartition de la politique extérieure helvétique, surtout après qu’en 1686 les cantons catholiques ont fondé une manière de confédération au sein de la Confédération. La diète est un organe de délibération apparenté à un congrès entre puissances souveraines (les cantons), mais elle accueille également des suppliques très diverses (qui sont à l’origine...

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