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Reviewed by:
  • Intellectual Culture in Medieval Paris: Theologians and the University, c. 1100–1330 by Ian P. Wei
  • Jean-Philippe Genet
Ian P. Wei
Intellectual Culture in Medieval Paris: Theologians and the University, c. 1100–1330
Cambridge, Cambridge University Press, 2012, xiii-446 p.

Ian Wei est bien connu des historiens de l’université parisienne pour plusieurs articles marquants parus depuis une vingtaine d’années, dont certains sont d’ailleurs repris ici. Il propose aujourd’hui un livre ambitieux mais qui, pour être apprécié, doit être pris pour ce qu’il est : il ne s’agit pas d’une histoire « classique » de l’université parisienne – qui manque pourtant toujours d’une histoire d’une envergure comparable à celle qui a été consacrée à l’université d’Oxford – mais de ce que l’on pourrait décrire comme une présentation destinée à un large public étudiant, une sorte de guide de lecture au sein des débats qui ont agité les maîtres dans les écoles et l’université du xiie au milieu du xive siècle. D’où un parti pris, celui de ne citer que des traductions – certaines sont du fait de l’auteur – et de traiter principalement des auteurs dont on peut trouver les textes en traduction moderne, de façon à ce que les lecteurs puissent prolonger leur réflexion en se plongeant dans les œuvres vers lesquelles il les guide. Le livre est d’ailleurs écrit dans une langue à la fois simple et vivante qui soutient toujours l’intérêt du lecteur, même dans des développements parfois ardus.

L’auteur commence par planter le décor institutionnel et intellectuel. Les écoles du Nord de la France au xiie siècle et le choc intellectuel qu’a représenté l’ascension de la logique sont intelligemment présentés en s’appuyant sur les textes de Pierre Abélard, mais aussi de Rupert de Deutz, d’Alain de Lille et de Jean de Salisbury, et en insistant sur le rôle moteur de la compétition entre les maîtres. [End Page 786] Les écoles monastiques sont présentées en contrepoint, en insistant sur leur contribution au curriculum des universités, notamment à travers les œuvres d’Anselme, de Bernard de Clairvaux, de Guillaume de Saint-Thierry et, surtout, d’Hugues de Saint-Victor. Hildegarde de Bingen est un peu l’invitée surprise de ce chapitre, mais tout le livre est animé par la volonté de redonner aux femmes la place qui doit leur revenir dans cette histoire intellectuelle.

I.Wei offre ensuite une excellente synthèse sur l’institution universitaire (une « communauté de communautés ») à partir d’une analyse minutieuse des Statuts de 1215 et de Parens Scientiarum, qu’il clôt sur une présentation de la philosophie de la connaissance de Bonaventure et de Thomas d’Aquin. La conclusion de ce premier parcours est, d’une part, que les maîtres parisiens avaient fait leur l’un des principaux principes des écoles monastiques, à savoir que les progrès de la connaissance ne peuvent se concevoir indépendamment d’une vie vertueuse et, d’autre part, que les divergences entre théologiens devaient autant que possible être réglées au sein de la faculté de théologie, garante collective de l’orthodoxie en même temps que de la volonté de pousser toujours plus avant la recherche et la diffusion du savoir.

Mais ni les écoles, ni l’université qui graduellement leur succède, ne constituent un monde replié sur lui-même. Les maîtres, dont l’identité collective est de mieux en mieux établie, sont convaincus de l’importance de la théologie morale et du rôle pastoral qui leur incombe. Jean de Salisbury, Thomas d’Aquin et Bonaventure, Hugues de Saint-Victor à nouveau, mais aussi Henri de Gand, Pierre Lombard, Pierre le Mangeur, Pierre le Chantre et Guillaume d’Auvergne sont convoqués autour du purgatoire, de l’éthique de l’intention, du diable et, d’une façon générale, des problèmes du salut qui forment l’ensemble des principes qui doivent orienter la conduite des chrétiens. Le...

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