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  • La Littérature en bas-bleus. Romancières sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (1815–1848) ed. by Andrea Del Lungo and Brigitte Louichon
  • Caroline Strobbe
Del Lungo, Andrea, et Brigitte Louichon, eds. La Littérature en bas-bleus. Romancières sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (1815–1848). Paris : Éditions Classiques Garnier, 2010. Pp 448. ISBN 978-2-8124-0153-4. 38 € (Paper). [End Page 144]

George Sand, Caroline Marbouty, Hortense Allart et Delphine de Girardin sont quelques-unes des nombreuses femmes-auteures du XIXe siècle, auquel cet ouvrage collectif dirigé par Brigitte Louichon et Andrea Del Lungo s’attache. Ainsi que l’indique le sous-titre, la période choisie s’étend de la Restauration à la Monarchie de Juillet.

L’objectif annoncé dans la superbe introduction de Brigitte Louichon est de dresser une « cartographie du roman féminin » — tout en reconnaissant les limites d’une telle exploration, ce type de roman étant un « continent englouti » (8). Pour comprendre les raisons de cet engloutissement, de cet oubli, du roman d’auteure, La Littérature en bas-bleus est structuré en quatre parties principales.

Dans la première, « L’invention du bas-bleu », le chapitre « la couleur d’un bas » de Martine Reid retrace avec éclat l’origine de l’expression « bas-bleu », définit les catégories de femmes de lettres ou petites bourgeoises qui en sont affublées, et démontre que malgré les railleries dont le bas-bleu fait l’objet, la popularité de cette expression est aussi sinon un hommage, du moins le témoignage réel du succès des femmes-auteures, et « la démocratisation de la littérature et des comportements » (32). Les chapitres suivants poursuivent sur l’invention du bas-bleu, avec « Le romancier et le bas-bleu » de Martine Baudry, « De la femme supérieure à la dixième muse, les fausses positions d’une femme auteur, Caroline Marbouty » de Delphine Pion. Catherine Mariette-Clot conclut cette première section sur un titre alléchant : « Qu’est-ce qu’un roman pour femme de chambre ? » Elle y définit qui sont les femmes couvertes par ce syntagme, qui sont les auteures — et paradoxalement les nombreux auteurs — de ces romans, et enfin quels sont les différents « ingrédients » (90) pour réussir un roman pour femme de chambre.

La seconde partie interroge la « Poétique romanesque : écrire ». Les femmes-auteures étudiées sont Mme de Duras (Fabienne Bercegol), Sophie Gay (Cheryl A. Morgan), Hortense Allart (Sophie Guermès), la comtesse Dash (Claudine Giacchetti). Amélie Legrand se penche sur la subversion des stéréotypes dans le roman de femmes chez de Duras et Hortense Allart, ces stéréotypes remettant paradoxalement en question des rôles traditionnellement attribués aux sphères masculines et féminines.

La troisième section de cet ouvrage, « Postures et stratégies : exister », réunit six contributions : celle de Catriona Seth examine les stratégies et paradigmes de la femme auteur, et ce plus particulièrement chez Constance de Salm. Dans l’essai suivant, « Entre légitimisme et érotisme : les best-sellers de Mme Guénard et le statut de la femme auteur au début du XIXe siècle », Veronica Granata s’interroge minutieusement sur la complexité d’une femme auteur aux divers noms de plume et aux œuvres si nombreuses et variées qu’elles s’opposent. Elle démontre les embarras de l’autoconscience et du statut de la femme auteur dans un monde éditorial en pleine évolution. Cette troisième partie fait encore place à des articles sur Mélanie Waldor en tant que femme et citoyenne (Alex Lascar), la légitimation de son écriture par Virginie Ancelot (Sophie Vanden Abeele), et enfin une lecture sociologique de l’œuvre de Delphine de Girardin (Andrea Del Lungo). [End Page 145]

Enfin, la dernière partie de ce livre, « Réceptions : lire et être lue », contient cinq articles sur George Sand et Germaine de Staël (Damien Zanone), Sophie Gay (Silvia Lorusso), les filiations staëliennes dans les romans de Marie d’Agoult et Hortense Allart (Laura Colombo), les femmes et la fiction dans la presse féminine...

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