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  • Le Congrès mondial acadien :La perspective d’un grand témoin
  • Martin Pâquet, Nicole Lang, and Julien Massicotte

On oublie; on veut oublier; ce qui a passé, ceux qui ont passé, un souffle; le mascaret ne ramène le souvenir que pour ceux-là qui s’avancent dans l’eau sans témoins, le temps perdu remonte à la gorge, et l’œil, qui n’a rien vu, pousse, germe, éclot.

– Serge Patrice Thibodeau, Seul on est

Martin Pâquet is a history professor at Université Laval, and holds the Chair for the Development of Research in French Culture in North America (CÉFAN). He specializes in history of immigration and French-speaking cultures in North America. He was appointed as a great witness during the study day « History, Heritage and Remembrance », held during the conference Acadia in all its challenges during the last World Acadian Congress, held in August 2014.

Martin Pâquet est professeur d’histoire à l’Université Laval et titulaire de la Chaire pour le développement de la recherche sur la culture d’expression française en Amérique du Nord. Spécialiste de l’histoire de l’immigration et des cultures francophones nord-américaines, il a joué le rôle de grand témoin durant la journée d’étude Histoire, mémoire et patrimoine, tenue dans le cadre du colloque L’Acadie dans tous ses défis, lors du dernier Congrès mondial acadien, tenu en août 2014.

Julien Massicotte :

Commençons l’entretien d’abord en définissant la mémoire, l’histoire et le patrimoine. Il s’agit ici des concepts qui articulaient la journée thématique dont tu as été grand témoin. Ce sont également des termes que l’on va utiliser constamment durant l’entretien, qui va suivre.

Martin Pâquet :

Quand il est question de rapport au passé, un élément est particulièrement essentiel : il s’agit de la définition des concepts, comme ceux d’histoire, de mémoire et de patrimoine, qui nous serviront à intervenir dans le grand champ opératoire de l’analyse. Le premier problème avec les concepts est qu’ils sont souvent d’usage commun. Ils peuvent prendre différents sens. Ces différentes significations viennent obscurcir en grande partie la compréhension que nous pouvons avoir par la suite. C’est la raison pour laquelle il me semble important de définir au préalable ce que j’entends par histoire, par mémoire et par patrimoine1. [End Page 119]

Histoire

Je vais commencer par le concept d’histoire puisque, étant historien de formation, le rapport disciplinaire que j’ai avec le passé définit ma pratique sociale. De manière générale, l’histoire est pour moi une enquête méthodique – qui est fondée sur une méthode, soit des processus ordonnés et logiques de constitution de la connaissance. Cette enquête méthodique est orientée vers un but, l’histoire poursuit un idéal de vérité. Dans Le Savant et le politique2, Max Weber insiste justement, entre autre, sur la question de la poursuite de l’idéal dans le cadre d’une activité savante. Dans le cas des historiens, cet idéal essaie de produire une connaissance qui est vraie en tant que telle : être historien, c’est poursuivre cet idéal de vérité. J’insiste sur la notion de l’idéal parce que la vérité n’est pas accessible en soi, elle constitue un horizon vers lequel nous tendons. Évidemment, plus l’enquête progresse, plus cet horizon recule. Cette poursuite de l’idéal de la vérité implique la poursuite de la certitude également, une certitude au sens donné par Ludwig Wittgenstein : nos questions et nos doutes « reposent sur le fait que certaines propositions sont soustraites au doute – sont, pour ainsi dire, comme des gonds sur lesquels tournent nos questions et nos doutes3 ». Comme premier point sur un plan épistémologique, la discipline historique est donc une enquête méthodique, qui poursuit l’idéal de vérité et qui produit des connaissances vraies et vérifiables...

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