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Reviewed by:
  • Tra storia e fiction. Il racconto della realtà nel mondo contemporaneo by Monica Martinat
  • Ariane Revel
Monica Martinat
Tra storia e fiction. Il racconto della realtà nel mondo contemporaneo
Milan, Et al. edizioni, 2013, 185 p.

L’essai de Monica Martinat prend au sérieux une question rebattue : de deux récits sur le passé, est-il possible de distinguer entre un récit fictionnel et un récit qui ne l’est pas ? Cette question, reconnaît l’auteure, est « aussi ancienne que l’histoire » et concerne largement le problème « de ses rapports à la poétique » (p. 18). Si le problème n’est pas neuf, le contexte l’est et c’est dans sa prise en compte que réside la spécificité de ce court ouvrage. L’auteure part en effet d’un constat : le contexte culturel qui est celui de ce début du XXIe siècle est marqué par un brouillage des indices qui permettent de déterminer un discours historique comme étant véridique ou fictionnel.

Or ce brouillage excède la simple dimension de la mise en récit, de la nécessaire recomposition qu’opère toute élaboration d’un discours historique à partir de ses sources : M. Martinat avance l’idée que notre rapport au réel – et notamment au réel passé – est aujourd’hui rendu problématique parce qu’il dépend de toute une série de pratiques culturelles qui entraînent la dissolution de critères fermes de distinction entre ce qui est vrai et ce qui est fictionnel. L’originalité et la force du travail présenté tiennent donc au fait que celui-ci ne part pas d’une différence supposément établie entre les deux régimes narratifs, qui serait rendue floue par des pratiques consistant à fictionnaliser l’histoire. Sa position se veut réellement sceptique, au moins dans la méthode : au vu d’un certain nombre de pratiques contemporaines d’écriture du passé, il se pourrait que plus rien ne permette de poser une limite fixe entre récit véridique et récit fictionnel, et c’est précisément l’objet de l’enquête de déterminer si une telle limite a encore un sens.

En ce sens, si la discipline historique et sa capacité à produire un discours véridique spécifique sont bien l’objet de cet essai, cet objet apparaît en creux et ses contours se dessinent au fur et à mesure que l’auteure aborde différents arrangements significatifs de la réalité [End Page 563] et de la fiction tels qu’ils se donnent à voir dans la culture contemporaine en Occident – plus exactement en France, en Italie et aux États-Unis, auxquels s’ajoute un détour par la littérature israélienne. L’ouvrage se déploie ainsi en trois chapitres : le premier, et sans doute celui qui contient la partie la plus incisive de l’analyse, est consacré à « La crise du monde réel »; le deuxième aux rapports de la littérature contemporaine avec l’histoire et sa réinvention; le troisième, enfin, sobrement intitulé « Du côté de l’histoire », envisage de front ce qu’il peut en être de l’histoire comme pratique savante dans ce contexte modifié.

Le point de départ de l’enquête est une indistinction ou, pour reprendre le terme privilégié par l’auteure, une « opacité ». Après avoir rappelé la formulation des rapports entre histoire et littérature tels qu’ils ont été pensés dans les années 1980 et 1990 par Carlo Ginzburg – « le point de rencontre entre histoire et littérature est moins dans leur caractère narratif commun que dans la capacité de chacune à rendre compte de la réalité » par des moyens différents (p. 13) –, M. Martinat soutient que « la frontière entre fiction et réalité s’est de nouveau obscurcie. La littérature, d’une part, et l’histoire, de l’autre, ont toutes deux contribué à maintenir opaque la frontière entre récits autoréférentiels et narrations historiques; mais elles sont toutes deux victimes de développements culturels...

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