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Reviewed by:
  • Autografia ed epistolografia tra XI e XIII secolo. Per un’analisi delle testimonianze sulla « scrittura di propria mano » by Micol Long
  • Anne-Marie Turcan-Verkerk
Micol Long
Autografia ed epistolografia tra XI e XIII secolo. Per un’analisi delle testimonianze sulla « scrittura di propria mano »
Milan, Ledizioni, 2014, 242 p.

Le livre de Micol Long, issu de sa thèse de doctorat, veut vérifier l’hypothèse selon [End Page 476] laquelle l’épistolographie aurait été, entre le XIe et le XIIIe siècle, le creuset d’un essor de l’autographie. Dans cette hypothèse, la lettre, c’est-à-dire la manifestation matérielle et tangible de l’implication de celui qui écrit et de ses sentiments, est conçue comme le lieu par excellence où peut se développer la topique de l’autographie. M. Long aurait pu s’appuyer, pour soutenir son propos, sur la longue tradition de l’éthopée en tant que représentation d’un caractère, ainsi que sur ses liens profonds, dans l’apprentissage et la pratique de l’écriture, avec le genre de la lettre – une représentation à la fois de celui qui écrit et de celui à qui la lettre est destinée, et de leur relation. L’autographie pourrait participer de cette autoreprésentation en manifestant physiquement le lien entre les personnes. Ce n’est pas seulement une topique d’ailleurs : si l’on écrit à la main, c’est pour marquer la déférence ou l’affection au destinataire de la lettre; c’est aussi pour en garantir l’authenticité et, dans certains cas, le secret.

L’étude des témoignages antiques sur l’autographie montre que si les questions du secret, de l’authenticité (exemple des épîtres pauliniennes) et de l’affection courtoise marquée au destinataire (textes de Cicéron, Sénèque, Fronton, Ambroise, exploitation des œuvres d’Ovide) sont cruciales dans l’épistolographie, elles n’épuisent pas le champ des connotations de l’autographie, ni des raisons qui poussent un auteur à y recourir. Ainsi Ambroise écrit-il de sa main la nuit pour ne pas déranger ses secrétaires. Chez lui, recourir à l’autographie c’est aussi choisir la lenteur, et Jérôme confirme que prendre le temps d’écrire de sa main au lieu de dicter rapidement permet de travailler davantage le style, de se corriger, d’être plus élégant, et ce, en dehors même de l’épistolographie. Il reprend ici une idée exprimée par Quintilien. L’approche visuelle du texte en cours de composition, mise en avant par Guibert de Nogent, n’est pas négligeable non plus. Ambroise et Jérôme ont sans doute été lus et repris par des auteurs médiévaux, comme Guibert et Nicolas de Montiéramey, à une époque où l’on peut observer une extension du phénomène de l’autographie, en particulier de la part d’auteurs qui furent chargés de la gestion de l’écrit en milieu monastique et ont eu, de ce fait, une activité d’historiens, d’hagiographes et d’épistoliers.

Les thèmes qui se dégagent des témoignages antiques structurent la suite du livre, consacrée au lien entre autographie et secret, affection, humilité et fiabilité. La matérialité de la lettre en contexte chrétien permet à M. Long d’ajouter une dimension spécifiquement médiévale, celle de l’autographe comme relique. Elle termine sur le sens de l’autographie d’auteur.

Le thème du secret est relativisé à l’aide de quelques exemples : Nicolas de Montiéramey, Wibald de Stavelot, Anselme de Lucques, Jean de Salisbury se référant à Eugène III, Gilbert Foliot, etc. La diffusion ultérieure des lettres en question prouve que le secret fut assez limité. La mention du secret vise sans doute, plus souvent, à traduire l’importance accordée à une affaire, le secret étant parfois préservé justement par l’absence d’écrit, un message oral étant confié à un nuntius (messager). Le cas de l’usage de tablettes de cire ou de la composition manu propria d’une œuvre autre qu’épistolaire me semble différent...

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