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  • Confessiones et nationes. Discours identitaires nationaux dans les cultures chrétiennes: Moyen Âge–XXe siècle par Mikhaïl-V. Dmitriev et Daniel Tollet
  • Pauline Souleau
Confessiones et nationes. Discours identitaires nationaux dans les cultures chrétiennes: Moyen Âge–XXe siècle. Textes réunis par Mikhaïl-V. Dmitriev et Daniel Tollet. (Bibliothèque des religions du monde, 2). Paris: Honoré Champion, 2014. 376 pp.

Cet ouvrage bien ambitieux fascine. Il réunit dix-sept contributions: certaines portant sur l’Europe de l’ouest (surtout la France), d’autres sur l’Europe de l’est (surtout la Russie). Toutes traitent de liens spécifiques, étroits ou non, entre religion, identité et nation. L’intérêt du volume est bien sa vision diachronique et géographique: envisager les spécificités des christianismes ‘latin’ et ‘grec’ sur la durée (périodes médiévale, moderne et contemporaine). Les deux premières parties, comprenant respectivement neuf et six contributions, sont pensées d’un point de vue chronologique: ‘Catholicisme, protestantisme, orthodoxie, Moyen Âge et époque moderne’ puis ‘Églises et nationalismes à la fin du xviiie et xxe siècles’. Une dernière partie plus succincte permet, comme son nom l’indique (‘Escapades hors du monde chrétien’), un détour comparatif intéressant vers d’autres milieux religieux, à savoir l’Islam et le Japon, à travers l’étude de Dominique Avon sur les jésuites en ‘terre d’Islam’ et celle d’Eddy Dufourmont sur le confucianisme. Cet ensemble fait preuve d’une indiscutable richesse, les auteurs venant d’horizons géographiques et disciplinaires variés. La cohérence du volume reste cependant intacte. Des axes principaux de recherche sous-tendent cette cohésion: l’influence des spécificités confessionnelles des christianismes ‘latin’ et ‘grec’ ‘sur la construction des discours protonationaux, aux époques médiévale et moderne, dans les milieux orthodoxes, catholiques et protestants, en Europe’ (pp. 7–8); celle ‘des discours identitaires médiévaux sur les représentations et les pratiques des discours nationaux et nationalistes des xixe et xxe siècles’ (p. 8); l’impact des ‘spécialités confessionnelles des christianismes “latin” et “grec” [ . . . ] sur la construction des discours supranationaux et a-nationaux, aux époques médiévale et moderne, et, éventuellement aux xixe et xxe siècles’ (ibid.). Le lecteur est ainsi invité à faire de lumineuses comparaisons à la fois diachroniques et géographiques. Au travers des contributions, l’asymétrie des chrétientés grecque et latine et le lien étroit entre les époques médiévale, moderne et contemporaine se font sentir: en ce qui concerne la Russie, dans l’analyse d’Eugène Volsky du terme ‘Terre russe’, personnage presque à part entière, dans la geste d’Igor (xiie siècle) ou dans celle de Mikhaïl-V. Dmitriev du concept de ‘Sainte Russie’ tel qu’il est représenté, lié à un discours extra-ethnique et extranational, dans les textes folkloriques russes entre le xviiie et le xxe siècle. Les contributions ayant pour sujet la France démontrent sa spécificité: du rôle de Clovis dans la construction de la mémoire nationale à l’époque moderne (Claude Michaud) à celui de Jeanne d’Arc sous la Troisième et la Quatrième République, 1870–1946 (Christian Amalvi). Seuls bémols, cet ouvrage déçoit de par sa relecture éditoriale pas toujours à toute épreuve et la contribution de Serge Brunet qui, quoique intéressante, déséquilibre quelque peu l’ouvrage en étant trois fois plus longue que les autres. Néanmoins, ce volume pose nombre de questions et ouvre des pistes de recherche variées. Il sera utile pour tout chercheur qui s’intéresse aux liens multiples et spécifiques, dans le temps et dans l’espace, entre religions et nations. [End Page 635]

Pauline Souleau
St Peter’s College, Oxford
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