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Reviewed by:
  • Jean Riel fils de Louis Riel. Sous une mauvaise étoile. Biographie by Annette Saint-Pierre
  • David Bélanger
Annette Saint-Pierre, Jean Riel fils de Louis Riel. Sous une mauvaise étoile. Biographie, Saint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 2014, 296 p., 32,95$

Il devrait s’agir—en principe—d’une biographie, celle de Jean Riel (1882–1908), fils de Louis Riel. À bien des égards, néanmoins, force est de constater que la biographie du jeune Riel, mort à 26 ans, ne constitue qu’un prétexte, un chemin détourné pour rappeler, réinterpréter, réétudier, le mythe de Louis Riel et son injuste condamnation. Se rejoue donc dans l’ouvrage d’Annette Saint-Pierre, sur le thème de la fatalité, le destin des Riel, et l’épopée, assurément outrageante, de la fondation du Manitoba.

Dès l’avant-propos, le projet de la biographe est mis en intrigue : un désir, dit-elle, de faire suite à la lecture des Écrits complets de Louis Riel l’anime. Des hasards et le temps qui passe rendent possible ce projet. À la lecture de l’ouvrage, on conçoit aisément l’importance de certaines sources, longtemps indisponibles ; de même, on peut mesurer la minceur des informations sur Jean Riel, et sans doute, le peu de pertinence de son destin en regard des luttes sociales, politiques et idéologiques de l’époque. Annette Saint-Pierre, en effet, ne sait faire la preuve de l’intérêt de cette biographie, sinon en rappelant le destin important du père du biographié, destin inscrit dans le titre même de l’ouvrage : sous une mauvaise étoile. Jean Riel n’aura été que le prolongement injuste de la fatalité ayant frappé la lignée des Riel ; il en aura été également le dernier chaînon. Ce peu d’intérêt factuel explique peut-être le parti pris de la biographe, lorsqu’elle écrit : « Précisons que pour assurer une continuité, j’ai pris la liberté d’introduire quelques dialogues. » Naïfs, simplets, ces dialogues n’assurent guère de continuité ; plutôt, ils expriment la tendresse de la biographe envers son sujet.

Au centre de la biographie de Jean Riel se trouve un enjeux : son éducation. Comme pour Louis Riel, brillant, instruit, vrai porte-parole des siens, on veut faire de Jean une figure marquante pour les Métis du Manitoba, et ce, malgré les nombreux ennemis qui risquent de s’élever [End Page 165] sur son chemin. D’ailleurs, apprend-on rapidement, à ces ennemis s’ajoutent quelques alliés, surtout libéraux—s’opposant, en cela, aux Conservateurs menés par John A. Macdonald—, qui sont prêts à lever des fonds pour soutenir la veuve de Louis Riel et ses enfants. Mais les malheurs s’abattent. Des sommes envoyées des États-Unis ou du Québec semblent ne pas arriver à destination ; une importante rente déposée à la Banque populaire est avalée par la faillite de la dite banque ; la veuve décède en bas âge, ainsi que sa fille. Ne reste plus, très vite, que Jean, élevé par sa famille : oncle, tante, grand-mère.

Entrent en scène, alors, les grands bienfaiteurs du jeune Riel : Honoré Beaugrand, d’une part, homme politique plus qu’homme de lettres, ancien maire de Montréal, journaliste influent. Viennent, d’autre part, Alfred Pellan et Honoré Mercier fils ; le premier sera un véritable père pour le jeune Riel qui acceptera, sous sa protection, de s’exiler au Québec. Ces bienfaiteurs occupent une grande place dans l’ouvrage d’Annette Saint-Pierre. C’est que, comme elle l’explique en avant-propos, les correspondances de ces hommes constituent sa source principale ; en ce sens, elle cite, in extenso, bien des lettres qu’adressent ces personnages à la famille Riel, mais elle les commente en peu de mots, laissant aux archives toute la latitude.

Le destin de Jean Riel se termine funestement. Devant bien des mains tendues, comprend-on, le jeune homme n’a pas su toujours profiter de la chance qui lui était offerte, ou bien, plus simplement, il ne partageait pas...

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