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  • Sans jamais parler du vent. Roman de crainte et d’espoir que la mort arrive à temps by France Daigle
  • Daniel Long
France Daigle, Sans jamais parler du vent. Roman de crainte et d’espoir que la mort arrive à temps. Édition critique établie par Monika Boehringer, Moncton, Université de Moncton, coll. Bibliothèque acadienne, 2012, XLIV- 259 p.

Dans l’univers distinctif des littératures francophones d’Amérique, il serait possible de diviser les écrivains en trois groupes en fonction de la réception critique de leur œuvre. Le premier noyau d’auteurs serait formé des romanciers, poètes, dramaturges et essayistes qui, depuis les années 1960–1970, s’attaquent à diverses causes chères aux francophonies minoritaires en donnant la préséance aux questions identitaires, politiques, langagières et socioculturelles dans leur production. De manière globale, la critique continue d’avoir de la considération pour ces auteurs, qui participent activement à une affirmation de l’identité ou à la volonté de faire évoluer celle-ci à une époque de remise en question continuelle des identités. Le deuxième groupe consisterait en des écrivains qui ont donné une orientation universaliste à leur œuvre en tâchant de la faire entrer dans la grande famille de la littérature « mondiale ». Étant donné que leurs préoccupations se situent souvent en marge des questions se rapportant spécifiquement aux francophones en milieu minoritaire, ces auteurs, quand ils n’ont pas encouru la défaveur de la critique, se sont régulièrement heurtés à l’indifférence de cette dernière. L’on identifierait une troisième catégorie d’écrivains, à savoir ceux qui, à compter des années 1980, se sont intéressés de plus près aux questions de forme ainsi qu’au renouvellement esthétique. Ils ont notamment repensé la notion [End Page 162] de modernité en se livrant entre autres à des considérations thématiques oscillant entre perspective régionaliste et vision plus macrocosmique. Au cours des deux dernières décennies, ce sont ces écrivains qui ont retenu le plus l’attention des commentateurs. La romancière acadienne France Daigle appartiendrait à ce troisième groupe d’auteurs, si bien que la critique témoigne depuis nombre d’années d’un vif intérêt pour son œuvre.

Sans jamais parler du vent (1983) est le premier ouvrage publié par l’écrivaine et journaliste originaire de Moncton. Il s’agit d’une œuvre fascinante à plus d’un égard, par ses caractéristiques formelles, tout d’abord, mais également par son exploration originale des thèmes de l’existence quotidienne, de la mort appréhendée et de l’écoulement du temps ainsi que des liens qui se nouent entre eux. Ce texte constitue le premier volet d’une trilogie complétée par Film d’amour et de dépendance (1984) et Histoire de la maison qui brûle (1985). Au niveau de la forme, Sans jamais parler du vent se situerait au point de rencontre du roman, de la prose poétique et du poème en prose. Cette nouvelle édition, préparée par Monika Boehringer de l’Université Mount Allison, inaugure la collection « Bibliothèque acadienne » fondée par l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton et qui a pour objectif de produire des éditions critiques d’œuvres littéraires acadiennes. Le volume est divisé en quatre parties auxquelles s’ajoutent une introduction assez développée et une bibliographie. Ces quatre parties sont composées du texte annoté de Sans jamais parler du vent, d’une liste de variantes, d’annexes illustrant la genèse de l’œuvre et d’un appendice qui consiste en un article publié par Daigle dans la revue La Nouvelle Barre du jour en 1986, qui détaille la genèse de Sans jamais parler du vent.

D’une part, l’idée d’établir une édition critique du premier ouvrage de France Daigle est soutenable, dans la mesure où de nouvelles éditions de ses autres œuvres littéraires seront vraisemblablement produites au cours des prochaines années. D’autre part, Sans jamais parler du vent offre aux professeurs-chercheurs, aux étudiants et...

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