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Reviewed by:
  • La francophonie en Acadie. Dynamiques sociales et langagières ed. by Laurence Arrighi and Matthieu LeBlanc
  • Chantal Richard
La francophonie en Acadie. Dynamiques sociales et langagières. Textes en hommage à Louise Péronnet, s. la dir. de Laurence Arrighi et Matthieu LeBlanc, Sudbury, Prise de parole, coll. Agora, 2014, 366 p., 33,95$

Le travail d’édition de collectifs est ardu et comporte de nombreux risques. C’est ce qui rend ce volume d’autant plus remarquable, car il a l’ambition de faire le tour des questions de langue en Acadie sans pour autant perdre le délicat fil conducteur qui garantit la cohérence et la continuité essentielle à la réussite de tout ouvrage collectif. Le fait d’avoir mis ces textes sous le chapeau de la tradition linguistique en milieu universitaire acadien, à laquelle la professeure Louise Péronnet a tant contribué, a peut-être été l’élément unifiant. Au cours de sa carrière considérable—une bibliographie dressée à la fin du volume contient 89 publications entre 1974 et [End Page 157] 2012—Louise Péronnet a analysé le français parlé et écrit en Acadie avec une passion et un dévouement dénués de tout jugement de valeur. Ces textes en son hommage lui font honneur.

Le découpage du volume en thèmes se révèle difficile, mais il est néanmoins possible d’en dégager une certaine logique. Des réflexions portant sur l’aménagement linguistique dans la province bilingue du Nouveau-Brunswick, on passe à des études sur les variétés linguistiques acadiennes du Nouveau-Brunswick (y compris le chiac) et de la Nouvelle-Écosse, en les comparant parfois au français québécois, parfois à la Louisiane, parfois à certaines régions de la France. D’autres auteurs se penchent sur des défis de la francisation scolaire dans un contexte d’exogamie très élevé, ou encore sur les stratégies de l’immigration visant l’intégration des nouveaux arrivants francophones. Finalement, des analyses de représentations linguistiques et identitaires dans les médias ainsi que sur Internet ouvrent un volet bien contemporain et amorcent une réflexion sur l’avenir des formes de français acadien que les locuteurs semblent prendre plaisir à multiplier à leur gré. Les approches varient aussi et peuvent aller de la description linguistique de caractéristiques particulières au français acadien, à la sociolinguistique, voire au domaine juridique. Il s’agit d’un ouvrage qui saura initier les curieux et ravir les initiés.

Le volume s’ouvre sur un premier article rédigé par le juriste Michel Doucet qui rappelle de façon synthétique les paramètres du bilinguisme officiel à l’intérieur duquel la langue acadienne a évolué. Ces droits linguistiques d’une minorité francophone au Nouveau-Brunswick sont souvent cités, mais rarement bien connus—le débat actuel sur le transport scolaire dans la province en faisant foi. Doucet rappelle que la préservation de la langue doit être maintenue non pas dans l’intérêt d’individus, mais plutôt de la collectivité. Cela dit, l’auteur reconnaît que ces droits linguistiques, qu’il considère comme une forme d’accommodement, s’opposent au concept de la démocratie où la majorité l’emporte, et que, par conséquent, la communauté anglophone majoritaire saisit parfois mal la raison d’être des droits linguistiques nécessairement asymétriques. Luc Léger poursuit cette réflexion sur le bilinguisme dans son étude sur la place du français dans des centres d’appel à Moncton où la majorité des employés sont francophones, mais les cadres sont anglophones, tout comme les formations et la documentation fournies aux employés. Puisque les stratégies d’aménagement linguistique au Nouveau-Brunswick se limitent au secteur public, Léger soulève la question du secteur privé et finit par se demander s’il pourrait être utile d’étendre les lois linguistiques au secteur privé.

L’article de Françoise Gadet nous ramène sur un terrain plus neutre en s’attardant à des réflexions ontologiques sur la terminologie de « variété » qui implique évidemment un...

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