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Reviewed by:
  • Archéologie de l’Amérique coloniale française by Marcel Moussette and Gregory A. Waselkov
  • Sébastien Côté
Marcel Moussette et Gregory A. Waselkov, Archéologie de l’Amérique coloniale française, Montréal, Lévesque éditeur, coll. Réflexion, 2014, 458 p., 80,00$

Sous les atours et le format de ce qu’on appelle un « beau livre », ce qu’il est assurément, Archéologie de l’Amérique coloniale française se présente d’emblée comme un ouvrage de synthèse empruntant « la voie d’enquête particulière » de l’archéologue. En effet, puisque « [c]e vaste sujet de la présence française en Amérique a été traité de long en large par les historiens », Marcel Moussette et Gregory A. Waselkov proposent de s’écarter des sentiers battus par l’étude des textes coloniaux et de se frotter pour un moment à la culture matérielle discrètement enfouie sous l’herbe tendre ou alors engloutie sous les flots impétueux. Premier en son genre, écrit à quatre mains par des spécialistes chevronnés, eux-mêmes rompus à l’exigeant travail de terrain, cet essai démontre très concrètement le caractère essentiel de l’interdisciplinarité.

Ce n’est pas la structure de l’ouvrage qui déroutera les chercheurs déjà bien au fait de l’histoire de l’Amérique coloniale française. En effet, elle épouse sensiblement le tracé des régions habituelles sans bouleverser la périodisation canonique : son originalité vient d’ailleurs. Développés en fonction de l’état des fouilles et du savoir documentaire, cinq chapitres d’inégale longueur couvrent ainsi un immense territoire qui s’étend de Terre-Neuve au Brésil, où Français de toutes origines s’établirent pour des périodes plus ou moins longues entre la fin du XVe siècle et 1763, terminus ad quem de la période couverte. Si le chapitre 1 (p. 19–33) rappelle brièvement l’existence de tentatives d’implantation françaises sur le continent américain dès le milieu du XVIe siècle (Brésil, Floride), entreprises qui par leur fugacité ne laissèrent que peu de traces autres que livresques, le chapitre 2 (p. 35–144) révèle déjà des vestiges plus substantiels. En effet, grâce à leur présence relativement longue à Terre-Neuve et en Acadie, les colons français ont tissé des liens avec les Amérindiens qui occupaient déjà le territoire : fragiles avec les Béothuks, plus durables avec les Mi’kmaqs. Or, ces échanges rapportés par les voyageurs avec un laconisme qui déçoit souvent les lecteurs modernes, les fouilles [End Page 144] archéologiques des premiers établissements français, de postes de traites et de missions parviennent à les mettre au jour de manière éclatante. Il en va de même pour les épisodes fort bien documentés par Champlain, qui profitent ici de l’éclairage apporté par des preuves matérielles patiemment exhumées : « Nous le savions déjà par les récits d’époque, mais la fouille du cimetière [de Sainte-Croix] confirme en partie qu’aucune femme n’accompagnait l’expédition ». En plus des établissements associés à Champlain, lesquels ont fait l’objet d’études approfondies motivées par le prestige de leur chroniqueur, Moussette et Waselkov abordent également des sites acadiens plus modestes axés sur la pêche (maisons) et l’agriculture (aboiteaux), de même que les forts Beauséjour et Gaspareau (N.-B.). Cela dit, par son invraisemblable ampleur au XVIIIe siècle et les ressources mobilisées au XXe siècle pour la reconstituer, c’est la ville fortifiée de Louisbourg (N-É.) qui constitue le joyau archéologique de l’Acadie coloniale.

Sans surprise, c’est le chapitre 3, consacré au Canada, qui profite du plus long développement. Ici, Canada s’entend au sens du XVIIe siècle, « c’est-à-dire le territoire incluant la vallée du Saint-Laurent, le fleuve et ses tributaires, à partir du lac Ontario jusqu’à la Gaspésie et la C...

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