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Reviewed by:
  • La vision culturelle d’Athanase David by Fernand Harvey
  • Claude Grégoire
Fernand Harvey, La vision culturelle d’Athanase David, Montréal, Del Busso, 2012, 267 p., 24,95$

Il est difficile d’imaginer esprit plus libéral et ouvert dans le monde politique que celui d’Athanase David. Le portrait qu’en dresse le sociologue et historien Fernand Harvey dans La vision culturelle d’Athanase David montre, surtout dans l’entre-deux-guerres, l’action et les mots d’un homme qui se veut un révolutionnaire tranquille avant le temps. Les discours choisis et présentés par Harvey dans cet ouvrage, qui s’intéressent en première partie au Québec et à la société canadienne-française, puis, en deuxième partie, à l’histoire et à la culture, témoignent d’un homme qui aura su, dans tous ses rôles officiels, rallier les gens et amorcer des changements [End Page 137] dans un Québec fortement cléricalisé qui résistait encore, à maints égards, à la modernité.

Sans doute le titre peu usuel de ministre responsable du Secrétariat du Québec aura-t-il permis à David d’intervenir dans une sphère plus large : on l’aura vite baptisé « ministre des Beaux-Arts » ou « protecteur des lettres », tant David aura imprégné de sa vision culturelle ses nombreux titres et fonctions en politique pendant près d’une vingtaine d’années avant qu’il ne devienne sénateur. Sa vision politique, « dont l’action se situe au-delà de la partisanerie » rappelle à juste titre Harvey en quatrième de couverture, en fit un rassembleur. La première partie des discours retenus par Harvey le montre en maître du compromis et de la diplomatie. Sa conception du fédéralisme et de la position du Québec ne pouvait que satisfaire tout un chacun. On retiendra de sa vision qu’il ne s’attardait pas au passé, sinon que pour en retenir les bienfaits, mais que l’avenir, plus que tout, le préoccupait : voyant en la confédération « désir d’harmonie », il recherchait en la cohabitation des peuples distincts une « unité dans la diversité », reconnaissant aux peuples de France (« pays de l’art, de la pensée et de l’idée » et d’Angleterre (« modèle de l’administration politique et financière » des qualités dont il faut s’inspirer plutôt que de renier l’une ou l’autre. Partisan du rétablissement du contact avec le France (les bourses d’études qu’il aura instituées en font foi), David en appelait au « respect » et à la « tolérance » et croyait au Canada, dont il était fier de dire qu’il n’était plus une colonie, mais « une nation amie de la Grande-Bretagne ».

De même, il regardait le passé fortement agricole de l’économie de la province comme une base dont on ne pouvait nier les bienfaits, mais croyait fermement le Canadien français apte aux affaires. Il mettait à l’avant-plan la nécessité de l’éducation pour assurer la prospérité à la province, voyait déjà l’importance de l’anglais comme langue seconde, se faisait le défenseur du rôle des femmes, dont il promulguait l’admission au barreau.

En seconde partie, ses discours sur l’histoire et la culture exposent sa préoccupation à former des élites sur tous les plans, à la foi sur les plans économique, social et artistique. Il considérait l’aide aux artistes comme un geste patriotique, et vit tôt, dès 1922, son nom associé à un prix littéraire prestigieux, le prix Athanase-David qui couronne l’ensemble de l’œuvre d’un écrivain québécois. Il œuvrera avec acharnement à l’instauration ou à l’amélioration de lois qui trouvent encore écho, près d’un siècle plus tard, dans notre société, notamment pour la conservation des monuments historiques et des objets d’art : la préservation de l’île d’Orléans et du Vieux-Québec faisait déjà partie des préoccupations de l’homme politique. Il a aussi contribué au développement des écoles des beaux-arts...

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