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  • Victor-Lévy Beaulieu, le sexe et le genreed. by Isabelle Boisclair and Jacques Pelletier
  • Jimmy Thibeault
Victor-Lévy Beaulieu, le sexe et le genre. Dossier s. la dir. de Isabelle Boisclair et Jacques Pelletier, Les Cahiers Victor-Lévy Beaulieu , n° 4, Montréal, Nota bene, 2014, 209 p., 22,95$

L’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu est colossale et apparaît comme une source difficilement tarissable pour les chercheurs. Le récent numéro 4 des Cahiers Victor-Lévy Beaulieu, dirigé par Isabelle Boisclair et Jacques Pelletier, nous fait découvrir un côté encore peu étudié de l’œuvre de Beaulieu en proposant un dossier consacré aux représentations du sexe et du genre dans quelques romans. Boisclair et Pelletier remarquent d’emblée que la question de la sexualité peut prêter à la polémique chez Beaulieu—ils citent notamment l’exemple de la lecture que proposait Lori Saint-Martin au début des années 1980 et qui soulignait le côté dégradant pour la femme dans les rapports sexuels. Pourtant, la représentation de la sexualité n’en demeure pas moins importante et chargée symboliquement sur le plan des représentations sociales et politiques de l’œuvre. Les six articles réunis dans ce numéro permettent effectivement une meilleure compréhension du rôle que joue « le sexe et le genre » dans le discours beaulieusien. Certes, le dossier n’a pas comme objectif de réhabiliter l’œuvre de Beaulieu aux yeux de la critique qui y percevrait une certaine misogynie ou un traitement dégradant de la sexualité, mais plutôt de « prolonger la réflexion sur [la problématique de la sexualité] à partir de points d’entrée spécifiques qui permettent de la repenser sur d’autres bases et autrement ».

L’ensemble des articles donne un bon aperçu de la richesse que représente l’étude de la sexualité et du genre dans l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu. Chaque article explore effectivement un aspect particulier de cette sexualité à l’œuvre chez Beaulieu. Le premier article, signé par Karine Rosso, s’intéresse à la représentation de la « femme noire » et de son rôle dans l’univers romanesque de Beaulieu. Rosso remarque que ce rôle évolue alors que, de la négresse Johanne à l’image stéréotypée de la déesse vaudou Erzulie Maurice, double image de la tentation et de l’ensorcellement, on passe à une image positive ouvrant sur un discours littéraire en accord avec le projet nationaliste de Beaulieu. Dans son article, Sébastien Parent-Durand s’intéresse aux questions de sexe et de genre et, plus particulièrement, de la représentation des identités sexuelles dans Bibiet Antiterre. Si les personnages féminins semblent occuper une meilleure place dans ces romans que dans les premières œuvres, plus particulièrement Jos Connaissantqui, soulignait Lori Saint-Martin, refusait le discours aux femmes, Parent-Durand constate que Beaulieu ne va pas jusqu’à donner une représentation des genres fondée sur leur égalité. Myriam Vien porte un regard intéressant sur la sexualité dans La grande tribu : c’est la faute à Papineau, qui se veut plutôt positive. L’article de Michel Nareau met en valeur le rôle que jouent les discours du personnage [End Page 136]de Samm qui élargit, si on veut, le regard d’Abel. Malgré tout, comme le constate l’ensemble des auteurs du numéro, la parole féminine, aussi importante soit-elle, n’apparaît toujours que dans un rôle de subordonné, laissant la place à l’autorité d’Abel. C’est d’ailleurs sur cette question d’autorité que se penche Isabelle Boisclair en étudiant la structure familiale dans Steven le hérault, soit la division entre le clan du père et celui de la mère. Si le clan du père semble s’effondrer, Boisclair ne peut que souligner le caractère patriarcal de l’univers beaulieusien alors que, malgré son effondrement, l’autorité du père persiste. Enfin, Bruno Laprade se questionne sur la représentation de l...

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