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Reviewed by:
  • Les spirales du sens chez Renaud Camus ed. by Ralph Sarkonak
  • Marie-Hélène Voyer
Les spirales du sens chez Renaud Camus, textes réunis par Ralph Sarkonak, Amsterdam, New York, Rodopi, (Faux titre), 2009, 290 p., 74,00€

Dans son introduction à l’ouvrage collectif Les spirales du sens chez Renaud Camus, Ralph Sarkonak fait le pari de « donner une idée de l’œuvre multiforme de Renaud Camus, laquelle comprend maintenant plus de soixante-dix livres, sans parler des sites de l’auteur, dont Vaisseaux brûlés et celui du parti de l’In-nocence ». Dès l’introduction, on sent toutefois une oscillation entre la volonté de rendre compte du caractère foisonnant et de la complexité de l’œuvre de Camus, et une certaine tentation de défendre l’auteur à la suite de la tristement célèbre « Affaire Camus ». Ainsi, Sarkonak érige d’emblée Camus en bouc émissaire de ses contemporains : « Renaud Camus, c’est le Saniette de la France du XXIe siècle : Vox clamens… » et vante la résistance de l’écrivain « traîné dans la boue par les médias ». De même, il écorche au passage « les cercles bienpensants de l’extrême contemporain » qui ne traitent pas assez, selon lui, de l’œuvre camusienne. Fort heureusement, la majorité des collaborateurs de ce collectif conservent une distance critique et une acuité d’analyse qui contribuent à rendre justice à l’œuvre tout en ménageant certaines réserves face à l’auteur et à ses positions polémiques.

Dans « Paysage : pays sages », Sjef Houppermans montre les ressorts de « la pulsion géographique chez Camus » et explique comment « [d]epuis de nombreuses années - depuis toujours—Renaud Camus est en deuil des paysages de France ». En parallèle, et de façon fort éclairante, l’auteur montre également la singularité du postmodernisme de Camus, qui « diffère essentiellement de ce qu’on entend souvent par cette dénomination où l’aspect de mélange, de brouillage, d’interférence domine. Chez lui, un goût prononcé de la symétrie classique, l’élan vers l’infini des désirs baroques, la sensibilité mélancolique des romantiques et l’individualisme des modernes se conjoignent suivant une formule éclectique ». Dans son article « La chute dans la folie », Ralph Sarkonak s’emploie à montrer toute la singularité et le caractère inépuisable de Roman furieux (1987). Avec grande finesse, l’auteur analyse non seulement comment la folie du personnage principal affecte la textualité même du roman, mais montre surtout comment cette œuvre peut « être considéré[e] comme une histoire du roman au XXe siècle » tout autant qu’une mise en abyme du genre romanesque. Catherine Rannoux, dans « Renaud Camus, remarqueur mélancolique » s’intéresse quant à elle à la manière dont le Répertoire des délicatesses du français contemporain contribue à inscrire l’auteur « dans la tradition des remarqueurs : tradition prestigieuse puisqu’elle l’inscrit dans la filiation d’un Malherbe ou d’un Vaugelas ; mais tradition quelque peu frappée de désuétude à l’époque contemporaine ». D’une manière nuancée, Rannoux arrive à exhiber les ressorts et les éléments dissonants de ce « jeu ambigu entre discours sur la langue et [End Page 115] discours sur les mœurs du temps, pris dans des modèles contradictoires qui oscillent entre modernité et purisme conservateur ». De même, elle relève minutieusement les fragilités, les glissements et les « contradictions qui traversent le discours camusien sur la langue ». Charles A. Porter propose, dans « À la recherche de l’autobiographie », une véritable plongée dans les écrits de nature autobiographique de Camus. On y voit de quelle manière Camus joue avec les codes de la tradition autobiographique, et fait éclater les cadres de la narration d’une manière telle qu’il contribue à rendre « suspectes » la « cohérence et la clarté narrative » des autobiographies traditionnelles. Dans « Le Journal de Renaud Camus est-il bathmologique ? », Thomas Clerc passe le Journal de Camus au crible de la bathmologie, « l’une des clefs de l’esthétique de Renaud Camus. Selon cette forme de discours, le sens n’est pas...

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