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  • La réception de l’acupuncture en France. Une biographie revisitée de George Soulié de Morant (1878–1955) by Johan Nguyen
  • Lucia Candelise
La réception de l’acupuncture en France. Une biographie revisitée de George Soulié de Morant (1878–1955) Johan Nguyen Paris: L’Harmattan, 2012, 232 p., €24

Comment l’acupuncture en France s’est-elle développée dans la première moitié du 20e siècle? Par ailleurs peut-on trouver une continuité dans la pratique et les discours liésà cette technique médicale entre son pays d’origine, la Chine, et la France? Ces questions ont [End Page 584] motivé Johan Nguyen, auteur de La réception de l’acupuncture en France, à mener sa recherche biographique sur George Soulié de Morant, l’initiateur et le passeur des connaissances autour de l’acupuncture de la Chine à la France à partir des années 1930. De fait, la pratique de l’acupuncture apparaît dans la communauté médicale française autour des années 1930, de façon assez précoce si l’on pense que son vrai essor en Europe et en Amérique du Nord date des années 1970. Cette technique de soin a vu ses premières tentatives de pratique dans les premières décennies du 19e siècle dans l’espace européen, mais resta pendant longtemps un élément de simple curiosité. Elle commença à être pratiquée dans plusieurs hôpitaux parisiens au début des années 1930.

Le livre de Nguyen entend « s’interroger sur les conditions de réception de l’acupuncture en France » (15), mais s’attache en réalité à analyser différents aspects de la dernière partie de la vie de Soulié de Morant qui, après des années passées à la recherche d’une reconnaissance professionnelle en milieu non médical, se consacre à la transmission d’un savoir et d’un savoir-faire thérapeutiques qu’il affirmait venir de Chine. L’auteur débute en présentant le parcours de Soulié de Morant tel que celui-ci a été décrit et raconté dans ses biographies (pour la plupart hagiographiques), ainsi que dans ses propres écrits, pour ensuite le déconstruire et démentir les «vérités » qui circulaient sur la vie et l’œuvre de ce personnage. Il suit plusieurs pistes pour démontrer que la carrière de Soulié de Morant est le fruit d’une reconstruction de son passé et de ses expériences en Chine transformée par l’intéressé. Nguyen retrace le parcours de Soulié de Morant avant que celui-ci ne devienne interprète pour le ministère des Affaires étrangères français.

Le travail mené par l’auteur sur la biographie de Soulié de Morant prend la forme d’une véritable enquête historique, allant chercher dans les détails la façon dont ce personnage a construit différents éléments pour légitimer sa carrière et sa position de connaisseur de l’acupuncture en France. Cette enquête conduit Nguyen à trouver une réponse à la question centrale autour de cette figure et de sa carrière d’acupuncteur qui restait jusqu’alors en suspens: comment, où et avec qui Soulié de Morant apprit à pratiquer l’acupuncture? Alors que Soulié de Morant prétend avoir appris en Chine en suivant l’enseignement de deux médecins chinois, un doute traversait toute la communauté des acupuncteurs, ainsi que les quelques historiens s’intéressant à son travail. Nguyen trouve une réponse qui semble tout à fait véridique en analysant l’histoire d’une publication [End Page 585] de 1934 dans laquelle le nom de Soulié de Morant apparaissait à côté de celui de T. Sakurazawa dans le rôle de cotraducteurs du texte Acupuncture et médecine chinoise vérifiées au Japon.

Sans dévoiler ici toute la découverte de Nguyen, l’apport de ce travail décrivant, contextualisant et surtout réactualisant à la lumière de sources fiables la « fable orientalise où le savant occidental se définit comme le détenteur véritable du savoir oriental… » (212...

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