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Reviewed by:
  • Charles Richet (1850–1935). L’exercice de la curiosité ed. by Jérôme Van Wijland
  • Alexandre Klein
Charles Richet (1850–1935). L’exercice de la curiosité
Jérôme Van Wijland (dir.)
Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2015, 137p., €15

En 2013, à l’occasion des cent ans de l’obtention de son prix Nobel de physiologie et de médecine, un colloque a été organisé par et à l’Académie nationale de médecine à Paris autour de la vie et de l’œuvre du physiologiste français Charles Richet (1850–1935). Célèbre découvreur du principe d’anaphylaxie, pour lequel il reçut la fameuse récompense suédoise, Richet était également un savant passionné, un touche-à-tout, comme il pouvait en exister à la croisée des 19e et 20e siècles. Ce sont donc des chercheurs de différents horizons qui avaient été conviés par l’Académie de médecine, et en particulier par le directeur de sa bibliothèque Jérôme Van Wijland, [End Page 265] pour rendre compte des différents centres d’intérêt du prolifique scientifique. L’ouvrage, aujourd’hui publié dans la très dynamique collection « Histoire » des Presses universitaires de Rennes rassemble, sous la direction de son organisateur, les contributions de ce colloque.

Suite à une rapide évocation de son grand-père faite par Gabriel Richet, membre aujourd’hui décédé de l’Académie de médecine, et qui avait, en 2002, fait don à son institution des archives de son ancêtre, Jérôme Van Wijland présente dans une introduction précise les enjeux et le contenu de l’ouvrage qui entend, selon ses propres mots, « faire le point sur cette figure scientifique fascinante » (9) qu’était Charles Richet. Cherchant à « explorer l’homme au-delà du Nobel » (11), le volume a pour but de présenter et d’analyser les passions et activités éclectiques d’un chercheur animé tant par une grande curiosité d’esprit que par un souci permanent de rigueur, et ce sans faire l’impasse sur ses zones d’ombres et sur les contradictions qui ont marqué et forgé son œuvre.

Après que Jean-François Bach ait présenté la communauté des vingt-sept immunologistes nobélisés après Richet, le secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine Raymond Ardaillou offre une synthèse de l’œuvre physiologique du savant, à l’exception de son travail sur l’anaphylaxie, en insistant notamment sur la dimension encyclopédique de ses recherches. La psy-chiatre et historienne Pierrette Estingoy détaille ensuite, dans un riche article, les recherches de Richet en psychologie expérimentale en précisant leurs liens avec ses travaux physiologiques. Elle montre habilement comment, au-delà de son apparente diversité, l’œuvre de Richet résulte d’une démarche épistémologique cohérente et d’un engagement scientifique certain. L’historienne Jacqueline Carroy poursuit l’exploration de l’œuvre du physiologiste par l’étude de ses travaux de métapsychique, cette psychophysiologie occultiste à laquelle il consacra en 1922 un traité de près de 800 pages, mais aussi plusieurs pièces de théâtre et un roman. En croisant les sources scientifiques et littéraires, elle parvient à mettre en lumière le cœur du projet métapsychologique du savant, tout en retraçant avec précision ses positions complexes et parfois fluctuantes, ainsi que l’imaginaire sous-tendant ces travaux. L’historien américain Jay Winter se penche, dans la contribution suivante, sur le pacifisme et l’internationalisme de Richet en le remettant dans le contexte sociopolitique de l’époque. À sa suite, l’historienne Anne Carol entend elle aussi replacer Richet dans son contexte en étudiant son eugénisme affiché à la lumière de celui qui existait dans la culture française de l’époque. Analysant de près son discours, elle note la radicalité des propositions du médecin, ainsi que sa défense, alors rare, d’un eugénisme positif, en plus de son eugénisme négatif assez brutal. Elle montre enfin que cette posture contraste avec son peu d’engagement institutionnel...

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