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Reviewed by:
  • Le Postcolonial Comparé: Anglophonie-francophonie by Claire Joubert and Emilienne Baneth-Nouailhetas
  • Éloïse Brezault
Joubert, Claire, et Emilienne Baneth-Nouailhetas. Le Postcolonial Comparé: Anglophonie-francophonie. Saint-Denis: Presses Universitaires de Vincennes, 2014. isbn 9782842924072. 290 p.

Cet ouvrage orchestré à quatre mains par Claire Joubert (Université Paris 8) et Émilienne Baneth-Nouailhetas (Université Rennes 2) est le fruit d’une longue recherche commencée dans les années 2000 sur le questionnement des littératures nationales et de leur légitimité à l’aune de ce qu’elles appellent la “mondialisation néolibérale” (6). Cette recherche avait donné lieu à un premier texte publié en 2006 aux pu de Rennes: Comparer l’étranger: Enjeux du comparatisme en littérature. Dans ce nouvel opus, Joubert et Baneth-Nouailhetas explorent les relations ténues entre mondialisation et colonisation par le biais du postcolonialisme,

parce que la réflexion sur le colonial élaborée par les Postcolonial Studies anglophones a déjà fait un travail considérable sur ce rapport synergique du pouvoir au savoir, et fournit des outils que les débats francophones ne se sont pas encore appropriés; mais aussi parce que le rapport colonial continue à générer des effets analytiques précieux pour penser l’inédit du régime de la Mondialisation.

(6)

En prenant comme point de départ la Caraïbe—appelé aussi le “modèle Amérique” (25)—comme laboratoire expérimental où se réarticulent constamment mondialisations et diasporas africaines, l’ouvrage rassemble des études comparatistes de choix sur les enjeux politiques, culturels et idéologiques du postcolonialisme dans le champ des lettres francophones, anglophones, néerlandophones ou hispanophones avec des interlocuteurs de renom comme Robert J. C. Young, Jean-Marc Moura, Michael Dash, Kathleen Gyssels, Myriam Cottias, Madeleine Dobie, etc. Qu’il soit traduit ou qu’il écrive en français, qu’il enseigne dans une université française, belge ou américaine, chaque intervenant propose une analyse fine [End Page 205] et transdisciplinaire de l’impact des études postcoloniales et des cultural studies à l’américaine dans un champ littéraire donné. Les auteurs montrent que la Caraïbe s’avère un creuset propice et idéal pour conceptualiser une identité diasporique en mouvement qui s’écrit et se pense dans plusieurs langues. Leurs analyses des poèmes de Nancy Morejón, José Martí, Léon Gontran-Damas, Albert Helman, ou encore celles des textes d’Édouard Glissant, Caryl Phillips, de Mayotte Capécia et de Joséphine Baker nous éclairent sur l’impact que les mouvements noirs ont sur les politiques de la culture et du savoir. Ces voix diverses et marginalisées portent en elles les traces des premiers panafricanismes, nous rappellent les auteurs: “L’histoire du devenir américain des déportés d’Afrique donne à relire par exemple la critique postcoloniale du Grand récit national des luttes pour les indépendances et des nativismes identitaires” (27). Le postcolonialisme s’avère un outil essentiel pour repenser la mondialisation, comme le suggéraient déjà Spivak ou Bhabha à la fin des années 1990. “Les travaux rassemblés dans ce volume ont cherché à remobiliser, audelà de l’objet postcolonial qui constitue leur terrain commun, la force de différentiel qui fait l’histoire des cultures comme elle fait aussi l’historicisation des théories (et des politiques) de la culture: l’opération même de la cultural difference,” (13) annoncent en introduction de leur recueil Joubert et Baneth-Nouailhetas. Il s’agit donc “d’engager la critique du postcolonial par la dimension du transcolonial,” (14) l’entreprise coloniale devenant l’un des prismes importants pour questionner les lignes de forces qui structurent l’histoire mondiale et “repenser non seulement la colonialité, mais aussi la transnationalité et la transcolonialité, constitutives du concept moderne même de nation” (17). Voici donc un des grands intérêts de ce recueil, “réarticuler le rapport entre mondialité et enjeux politiques du savoir” (18), à partir justement d’une géopoétique transculturelle de la Caraïbe afin de mieux saisir “les tropes dominants par lesquels est pensé le rapport entre culture et politique” (22). Cette question du “trans...

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