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  • Afrique subsaharienne
  • Edgard Sankara, Alexandra Gueydan-Turek, and Carina Yervasi

Écrire et publier en Afrique

Écrire et publier en Afrique est une véritable gageure et de nombreux ouvrages de réflexion ont déjà été produits sur cette problématique. Il faut saluer la bravoure des écrivains et éditeurs africains dans cette bataille du livre qui n’est pas perdue d’avance puisque des solutions créatives sont trouvées à travers des partenariats entre des maisons d’édition, des imprimeries et des librairies locales. Au Burkina Faso, la création de la Direction du Livre et de la Promotion Littéraire (dlpl), sous la direction de l’universitaire Yves Dakouo, obéit à une dynamique de soutien à la création et à l’édition. La dlpl travaille en étroite collaboration avec l’organe de regroupement des écrivains et artistes, la sages (Société des Auteurs, des Gens de l’Écrit et des Savoirs) pour l’organisation d’une rentrée littéraire annuelle en Octobre. La Foire Internationale du Livre de Ouagadougou (filo) qui a une ambition régionale et internationale vient d’organiser sa treizième édition en octobre 2015. La promotion du livre est bien ancrée dans la culture burkinabè à travers le Grand Prix Littéraire National (gpnal) à la Semaine Nationale de la Culture (biennale), créé par la Révolution d’août 1983. Ces différents efforts existent aussi dans d’autres pays africains et méritent d’être soulignés et encouragés. Il est heureux de constater qu’un partenariat efficace existe au Burkina Faso entre les auteurs, les éditeurs, les libraires et le ministère de la culture pour une promotion et une diffusion du livre africain produit en Afrique.

En plus des maisons d’éditions locales africaines, les Éditions L’Harmattan-Paris ont élaboré avec des personnes ressources de plusieurs pays africains la création de branches locales plus ou moins indépendantes de la maison-mère. Il n’est donc pas surprenant qu’en Afrique francophone les Éditions L’Harmattan (dans ses différentes représentations) se présentent comme la référence en matière de publications. [End Page 148]

Le Dak’Arts fait son show

La douzième édition du festival d’art contemporain du Dak’Arts s’est tenue dans la capitale sénégalaise du 3 mai au 2 juin 2016 sous le thème: “la cité dans le jour bleu.” Présidé par Simon Njami, le festival s’ancrait dans le verbe de Senghor:

Ta voix nous dit la République, que nous dresserons la Cité dans le jour bleu

Dans l’égalité des peuples fraternels. Et nous nous répondons: “Présents, ô Guélowâr!”

(72-73)

Sous le motif des “Réenchantements,” les portes de l’ancien Palais de Justice—centre principal des activités artistiques — se sont rouvertes pour faire découvrir au grand public une sélection d’artistes issus du continent africain et de sa diaspora. Plasticiens, peintres, vidéastes et photographes ont réinvesti d’une pratique citoyenne les hauts lieux de l’ancien gouvernement. Cette réappropriation d’une architecture délabrée annonce une révolution politique et économique démocratisante parmi les œuvres les plus marquantes. L’intitulé de l’œuvre de Bili Bidjocka (Cameroun), “Révolution,” peint en gras sur les mosaïques du palais dénonce la consommation et le “Kapitalisme” [sic]: “Ceci n’est pas mon corps vous ne pouvez pas le consommer,” invitant les spectateurs à s’identifier à la fois au locuteur et à l’allocutaire. De même, Fabrice Monteiro (Bénin/Belgique) réinvente ironiquement la place du pouvoir — le tribunal — avec le tag “(P)résidant, Ceci n’est pas un Phénix” juxtaposé à un trône doré en forme de phénix. Quatre photographies représentent les diverses itérations des régimes absolutistes contre lesquels ont lutté les peuples. “Les rhizomes infinis de la révolution” de Kader Attia (Algérie-France) se penche sur les révolutions arabes de 2011. Cette installation, constituée de monceaux de pierres sur lesquels des arbres morts métalliques se dressent, armés de lance-pierres, évoque simultanément l’oppression et...

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