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Reviewed by:
  • Masters and Students: Jesuit Mission Ethnography in Seventeenth-Century New France by Micah True
  • Vincent Grégoire
Masters and Students: Jesuit Mission Ethnography in Seventeenth-Century New France. By Micah True. Montreal: McGill-Queen’s University Press, 2015. 242pp., ill.

Cet ouvrage fort bien écrit développe plusieurs aspects essentiels de l’effort missionnaire jésuite en Nouvelle-France au dix-septième siècle, et en particulier la stratégie linguistique adoptée par les pères pour convertir les autochtones et la mise par écrit de leur travail d’évangélisation dans des Relations annuelles publiées à Paris entre 1632 et 1673. Après avoir expliqué les raisons de sa préférence pour l’édition du jésuite Lucien Campeau, la Monumenta Novae Franciae (Rome: Monumenta Historica Societatis Jesu, 1967–2003), essentiellement plus riche en documents et plus précise mais à l’occasion partiale, sur l’édition bilingue de Reuben Gold Thwaites, The Jesuit Relations and Allied Documents: Travels and Explorations of the Jesuit Missionaries in New France 1610–1791, 73 vols (Cleveland, OH: Burrows, 1896–1901), Micah True va néanmoins se référer aux deux parce que l’œuvre de Campeau ne dépasse pas 1661 du fait de la mort prématurée de ce dernier. L’étude de ces textes est complétée par un appareil critique considérable, qu’il provienne de la plume de sociologues (Karen Anderson), d’historiens (Richard White, Alain Beaulieu, Dominique Deslandres), de spécialistes de la littérature (Sara Melzer), d’historiens de la littérature (Anthony Pagden), d’ethnohistoriens (Bruce Trigger) ou d’anthropologues (Carole Blackburn). True entreprend donc une lecture extrêmement minutieuse et très documentée des Relations dans laquelle s’inscrit une réflexion bien menée sur la psychologie des missionnaires, leur perception des autochtones et de leur culture, et la mise parécrit de leurs expériences sur le terrain. Les jésuites, pourtant forts d’une solide éducation, ont des difficultés à apprendre les langues amérindiennes et doivent se faire humblesélèves pour espérer atteindre leur but. Ce laborieux apprentissage effectuélors de séjours dans des campements amérindiens par deux pères en particulier, Paul Le Jeune et Jean de Brébeuf,évoque, par les sacrifices consentis, une certaine pratique de l’imitatio Christi. La conversion dans les derniers moments de la vie d’un Iroquois soumis à des tortures atroces par des Hurons pourtant alliés des Français, relève là encore, sous la plume du père François Joseph Le Mercier cette fois, de l’imagerie de l’imitatio Christi. Ce thème [End Page 435] judicieusement développé dans les Relations, ainsi qu’un certain nombre d’autres (l’enthousiasme des nouveaux convertis, la qualité des conversions, etc.), force l’admiration des lecteurs et leur permet d’apprécier les progrès réalisés par les pères. Le but de cette publication est alors atteint dans la mesure où elle est essentiellement un outil de propagande qui cherche certes à informer et susciter des vocations mais surtout à recueillir des dons. Dans les Relations, les jésuites tiennent le beau rôle parce qu’ils sont juges et parties. Ils contrôlent l’histoire narrée, présentent leurs progrès lents mais selon eux indéniables, donnent une voix aux autochtones, reconnaissent à ceux-ci un même fond d’héritage culturel religieux (la croyance en un Déluge provoqué par un certain Messou), imposent en résumé leur point de vue tout en le rendant attrayant aux lecteurs. Comme l’évoque True en conclusion à sa passionnante étude, les jésuites, s’ils ont fait un travail d’ethnographes, ont avant tout été des colonisateurs qui, hommes de leur temps, ont cherché à imposer leur religion dans le cadre de la maxime forgée au seizième siècle, ‘une foi, une loi, un roi’.

Vincent Grégoire
Berry College
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