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Reviewed by:
  • Les Empires coloniaux, XIXe-XXe siècle ed. by Pierre Singaravélou
  • Jacques Frémeaux
Pierre SINGARAVÉLOU (dir.). – Les Empires coloniaux, XIXe-XXe siècle, Paris, Le Seuil, 2013, 480 pages. « Points Histoire ».

Cet ouvrage collectif rassemble neuf contributions consacrées, non à une présentation globale des empires coloniaux dans la période considérée, mais plutôt à une mise au point des problématiques les plus récentes relatives à l’histoire impériale. Le souci de rester en phase avec la question d’histoire contemporaine inscrite aux concours de 2012-2014 a permis de bénéficier de considérations approfondies, non seulement sur les empires européens, mais aussi sur la colonisation japonaise et les possessions des États-Unis outre-mer. Ce même souci nous a cependant privé d’interrogations sur l’expansion territoriale de la Russie-URSS, et, plus encore, sur l’expansion des États-Unis dans leur propre territoire, dont l’histoire impériale se trouve ainsi artificiellement séparée de celle des pays d’Europe, pour le plus grand profit idéologique de leurs dirigeants, voire de certains de leurs chercheurs.

Tel qu’il se présente, ce livre n’en est pas moins extrêmement enrichissant. Il constitue d’abord une excellente mise à jour bibliographique des travaux publiés depuis les années 2000, en offrant des points de vue ou des analyses très divers. On constatera que, pour la plupart, il s’agit de travaux anglo-américains (pour beaucoup américains), ce qui ne fait que traduire une évolution que j’avais déjà prévue au milieu des années 1970 et qui s’explique sans doute par la place trop longtemps étriquée des études coloniales en France. Il faut espérer que la génération d’historiens français nés après 1960, et dont plusieurs ont contribué à l’ouvrage, permettra de renverser cette tendance, pour peu que les universités acceptent de s’ouvrir davantage à ces questions, fût-ce au détriment de la sacro-sainte périodisation quadripartite. On déplorera, dans cette bibliographie, quelques absences, comme celle du regretté Daniel Lefeuvre et de son ouvrage Chère Algérie, qui eût utilement remplacé d’autres noms qu’on dira charitablement moins utiles. On doit souligner aussi que la bibliographie en fin de volume ne reprend pas les noms de grands auteurs de référence, dont la lecture reste stimulante. Un certain nombre, il est vrai, sont cités dans le texte, comme ceux de Jacques Berque et de Charles-Robert Ageron.

Les approches, indiquées par l’introduction de Pierre Singaravélou, sont véritablement très larges. Les auteurs s’interrogent d’abord sur la nature du contact, tant dans son établissement, marqué essentiellement, mais non exclusivement, par la conquête (Isabelle Surun), que dans le cadre qu’il impose, depuis les sociétés esclavagistes jusqu’aux sociétés plurales, caractérisées par le statut d’indigène (Armelle Enders). Une étude sur les mouvements migratoires (Pierre Singaravélou) a l’intérêt de souligner leur importance au cours de l’épisode colonial. La réflexion sur la nature [End Page 185] de l’État est menée à partir de son organisation (Sylvie Thénault), mais aussi de ses ambitions de transformations du monde (Claire Fredj et Marie-Albane de Suremain). Les résultats sont appréciés à partir d’une réflexion sur le bilan économique (Bouda Etemad), mais aussi à partir d’une interrogation sur ce que put être une « culture coloniale » (Emmanuelle Sibeud). Un chapitre final (Frederick Cooper) interroge sur la longue durée, de la révolution de Saint-Domingue à nos jours, la dynamique de consolidation, puis de remise en cause des empires.

Par ailleurs, l’ouvrage indique très bien les orientations de l’historiographie actuelle. C’est d’abord celle des études comparées. Le phénomène impérial ne peut en effet se comprendre que comme un tout. L’action des différentes puissances n’explique pas seulement la répartition des territoires. L’abandon des approches de...

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