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Reviewed by:
  • Documenting First Wave Feminisms: Volume II – Canada, National and Transnational Contexts ed. by Nancy M. Forestell and Maureen Moynagh
  • Yolande Cohen
Forestell, Nancy M. et Maureen Moynagh (dir.)– Documenting First Wave Feminisms: Volume II – Canada, National and Transnational Contexts. Toronto, University of Toronto Press, 2014, 362 p.

Maureen Moynagh and Nancy Forestell, deux professeures à St. Francis Xavier University, ont constaté les lacunes flagrantes de l’histoire de la première grande vague féministe et ont voulu les combler en rassemblant des textes de cette longue période qui va de la fin du XIXe siècle à l’orée de la Seconde Guerre mondiale. L’historienne et la littéraire se sont alors attelées à trouver les textes les plus significatifs ainsi que les textes moins connus et originaux de toute une panoplie de femmes qui ont participé de loin ou de près à l’émergence et à l’affirmation des féminismes. À l’issue de cette entreprise immense, le présent ouvrage, qui est le second d’une série de deux volumes imposants, traduit tout à la fois l’engagement des auteures à l’égard de l’histoire des femmes et du genre, et leur volonté d’en renouveler l’argumentaire, au moins en ce qui concerne la première vague. C’est dire l’ambition de cette entreprise.

L’idée maitresse et louable de leur projet, auquel s’est volontiers associé l’éditeur (University of Toronto Press), est de fournir des sources fiables et souvent inédites à ceux qui enseignent ou étudient l’histoire des femmes et du genre, et plus généralement au public éclairé intéressé par les voix féministes de cette période. Or rien n’est plus difficile que le choix de textes tout à la fois originaux et représentatifs de la diversité des points de vue féministes de cette période, de l’étendue de leurs revendications et de la portée de leur action, nationale et internationale. Difficulté qui se double de l’ambition de présenter les contextes [End Page 205] particuliers de production de ces textes dans des introductions appropriées et d’ailleurs fort utiles. Dans certains cas, le défi est relevé et l’on découvre des voix uniques ; dans d’autres, on reste sur sa faim, à cause de la diversité du corpus et la complexité d’une lecture extensive de textes de nature et de facture inégales.

Les deux volumes ne visent à rien de moins qu’à combler le manque de sources reflétant les perspectives transnationales et internationales des féminismes du tournant du siècle et de proposer une histoire par les textes des féminismes canadiens. Parmi les premiers mouvements internationaux, avec les mouvements socialistes, les féminismes occidentaux ont mis différentes questions sociales à l’agenda des nations. La perspective genrée, d’une inégalité des sexes, de classe et de race, fournit la trame principale de lecture de ce volume, comme du second. L’intersectionnalité est la grille de lecture essentielle des textes présentés, au même titre que la critique des visées impériales occidentales et canadiennes.

Ce second volume fournit ainsi une pléthore de points de vue qui devraient alimenter une relecture de l’histoire des féminismes canadiens. Des voix marginalisées et dominées trouvent enfin leur place aux côtés de celles des femmes blanches de la bourgeoisie anglo-canadienne qui prétendent les émanciper. La volonté des auteures de se démarquer d’une historiographie féministe centrée sur la contribution unique de ces femmes blanches de la bourgeoisie permet en effet d’y intégrer des voix discordantes et souvent absentes du débat. On voit dans les lettres, pamphlets, poèmes et autres documents publiés s’écrire une histoire plus riche, plus diversifiée et beaucoup plus complexe. Si cette démarche est louable, elle reste marquée par une vision idéologique, exclusive.

En effet, à critiquer l’histoire des féminismes « canadians » en les identifiant à des groupes de femmes blanches ainsi racialisées, c’est oublier qu’elles furent elles-mêmes à l’origine de nombre de...

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