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Reviewed by:
  • Perceiving War and the Military in Early Christian Gaul (ca. 400-700 A.D.) by Laury Sarti
  • Bruno Dumézil
Laury Sarti Perceiving War and the Military in Early Christian Gaul (ca. 400-700 a.d.) Leyde, Brill, 2013, xxviii- 415 p.

Cet ouvrage constitue la version publiée d’une thèse préparée sous la direction de Hans-Werner Goetz, dont on reconnaît immédiatement l’influence, autant dans la suspicion à l’égard des sources que dans la volonté d’interroger le lexique pour reconstituer les représentations dominantes. De son origine académique, ce travail a conservé une forme fortement char-pentée; l’élégance y perd sans doute ce que la rigueur et la clarté y gagnent. On regrette aussi quelques erreurs apparemment liées au passage de l’allemand vers l’anglais, notamment dans les graphies des noms propres. De même, la spat(h)a ne saurait être « a short sword » (p. 234). Ces quelques coquilles, au demeurant, ne nuisent en rien à la lecture.

Après une présentation du contexte général, qui plaide pour la prise en compte des temps longs plutôt que de focaliser l’analyse sur le seul phénomène barbare, un important chapitre est consacré aux problèmes posés par le champ documentaire. Celui-ci est partagé entre des écrits peu abondants et des sources archéologiques foisonnantes mais dont l’interprétation est difficile. Un homme enterré avec des armes est-il forcément un guerrier? L’abandon de l’inhumation habillée à partir du viie siècle doit-il être lu comme le signe d’un changement profond des mentalités? D’excellents passages permettent de faire le point sur les hypothèses récentes. L’utilisation de ce double corpus textuel et archéologique pose toutefois certains problèmes, dont l’importance n’est pas éludée. Ainsi, l’archéologie funéraire renseigne plutôt sur la Gaule du Nord et de l’Est, où les textes sont peu abondants; inversement, l’inhumation habillée est moins représentée dans les régions méridionales. Laury Sarti insiste également sur la discontinuité et l’hétérogénéité des sources écrites, le viie siècle étant surtout marqué par l’hagiographie épiscopale et monastique. Elle souligne, à juste titre, le caractère pointilliste de notre connaissance de ce siècle et la difficulté de toute discussion autour de l’éventuelle mutation médiévale. [End Page 199]

L’exploitation d’autres sources peut paraître moins convaincante. Tel est le cas de la numismatique, surtout utilisée pour l’illustration. Même dans leur dégradation progressive, les types monétaires mérovingiens sont extrêmement conservateurs. La figure du guerrier que l’on y trouve correspond à celle de l’empereur victorieux des solidi impériaux en usage entre le ive et le vie siècle; l’on aurait aimé en savoir davantage sur son éventuelle actualisation. Le problème se pose plus largement concernant les figurations humaines, pour lesquelles seules les productions « mérovingiennes » sont prises en compte; or celles-ci sont rares, tandis que les représentations de combattants abondent sur les objets venus de l’étranger, notamment sur les importations byzantines.

L’opposition récurrente entre « auteurs barbares » et « auteurs ecclésiastiques » peut aussi être gênante dans la mesure où il est fréquent que les textes à vocation séculière soient écrits par des clercs. Inversement, il n’est pas rare qu’une vita mérovingienne soit composée par un laïc. L’étude des représentations devient alors difficile puisque c’est le genre littéraire, beaucoup plus que l’auteur ou le milieu d’écriture, qui impose ses codes, voire ses mots. Une attention particulière a également été portée aux lettres comme témoignage de « l’échange entre les puissants » (p. 67). Cela conduit parfois à négliger les correspondances diploma-tiques, alors qu’un riche corpus de lettres royales est préservé par les collections arlésiennes, austrasiennes et wisigothiques – paradoxalement, ces pièces sont surtout construites sur l’affirmation d...

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