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Reviewed by:
  • Dictionnaire des femmes des Lumières ed. by Huguette Krief, and Valérie André
  • Samia I. Spencer
Dictionnaire des femmes des Lumières. Sous la direction de Huguette Krief et Valérie André. Avec une Introduction de Huguette Krief. 2 vols. (Dictionnaires et références, 25). Paris: Honoré Champion, 2015. 1337 pp.

Il n’y a pas si longtemps, les manuels de littérature française passaient directement de Mme de La Fayette à Mme de Staël, sans escale sur le dix-huitième siècle où seules quelques salonnières avaient droit de cité. Or, au cours des dernières décennies la critique féministe a permis de dépoussiérer les ouvrages de grandes écrivaines ayant contribué au paysage littéraire et culturel de leur temps, auxquels de nouvelles éditions permettent d’avoir accès. Grâce au monumental travail de deux chercheuses assistées d’une centaine de contributeurs et contributrices œuvrant dans onze pays, nos ancêtres des Lumières retrouvent ici l’immense espace qu’elles ont occupé dans la vie de leur époque. Des centaines de créatrices, artistes et érudites sont ressuscitées après avoir sombré longtemps dans l’oubli. Si, parmi elles, les femmes de lettres sont les plus nombreuses, l’ouvrage permet de découvrir aussi celles ‘qui ne se sont pas résignées au conflit incessant entre les devoirs de leur sexe et leur vocation pour les voyages scientifiques, la sculpture, l’obstétrique, le journalisme ou l’étude des textes anciens’ (p. 15), à qui la passion a fourni ‘l’énergie de transgresser les interdits’ (pp. 15–16). Entre autres, on y retrouve actrices, musiciennes, danseuses, savantes, dramaturges, peintres, compositrices, botanistes, révolutionnaires, cantatrices, encyclopédistes, poétesses, traductrices, sagesfemmes, guérisseuses, collectionneuses, et même libraires et imprimeurs dont seules deux femmes étaient ‘admises à exercer le métier’ au cours de la première partie du siècle (p. 346). Les plus connues reçoivent un développement de quelques pages (Charrière, du Châtelet, Graffigny, Puisieux ou Souza), alors que d’autres sont identifiées en quelques lignes ou au sein d’un article thématique, vu le manque de renseignements les concernant (Bisson de La Coudraye, Dubois-Jourdain, Volange ou Raucourt). La liste ne se limite pas aux personnalités associées aux Lumières; on y retrouve aussi de grandes dames qui enjambent deux siècles dont le nom est rattaché généralement au siècle précédent (Aulnoy ou Maintenon) ou au suivant (Récamier ou Staël). L’impartialité des collaborateurs permet de rectifier la mésestime dans laquelle sont tenues certaines personnes et de mettre en perspective leur rôle. C’est le cas notamment de Marie-Thérèse Levasseur qui ‘n’a connu que le mépris des admirateurs et des détracteurs’ de Rousseau (p. 726). Si le nom de Jaucourt est associé à l’Encyclopédie, ici il ne s’agit pas du chevalier, mais de sa belle-sœur, Suzanne Marie de Jaucourt, qui aurait ‘fourni au moins quatre articles à Diderot, non identifiés car anonymes’ (p. 630). De plus, des articles thématiques sur d’innombrables sujets viennent compléter la recréation de l’ambiance et des mentalités de l’époque. Ils s’étendent de la sexualité, la civilité, l’éducation, le féminisme et la galanterie, à l’anti-Lumières, la franc-maçonnerie, la conversation et la presse. À ce propos, il faudrait saluer particulièrement Huguette Krief qui, au-delà de sa solide Introduction, a assumé la rédaction d’un nombre de textes impressionnants par leur qualité et leur quantité. Toutefois, malgré l’envergure et le sérieux de la recherche et les bibliographies qui parachèvent les développements, quelques lacunes sont à relever, certaines plus sérieuses que d’autres. La classification alphabétique permet de trouver facilement les noms et les sujets recherchés, mais il n’est pas clair pourquoi la comtesse du Barry et la marquise du Deffand se trouvent sous ‘Du’, alors que la marquise du Châtelet est classée sous la lettre C. Bien qu’une douzaine...

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