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  • Urban Elites of Zadar: Dalmatia and the Venetian Commonwealth (1540-1569) by Stephan Karl Sander-Faes
  • Nenad Fejic
Stephan Karl Sander-Faes Urban Elites of Zadar: Dalmatia and the Venetian Commonwealth (1540-1569) Rome, Viella, 2013, 292 p.

L’ouvrage de Stephan Karl Sander-Faes vient combler une lacune regrettable dans les études du « commonwealth » vénitien à la fin du Moyen Âge et au premier Âge moderne. La côte orientale de l’Adriatique, plus précisément la « double province » de la Dalmatie et de l’Albanie, avec sa capitale régionale, Zadar, n’occupe guère la place qui devrait lui revenir dans l’historiographie. Celle-ci véhicule en effet une image convenue de la présence vénitienne en Dalmatie. Selon cette vision, trop occupée à étendre et à défendre son espace maritime à l’échelle méditerranéenne, d’autant plus que celui-ci était de plus en plus âprement contesté par les Ottomans au début de l’époque moderne, la Sérénissime n’évaluait pas à sa juste mesure l’importance de l’étroite bande de terre qui longeait l’Adriatique et qui constituait la dernière ligne de protection de l’espace lagunaire métropolitain. Ayant perdu puis récupéré la Dalmatie dans un conflit séculaire contre la Hongrie, Venise voyait l’arrière-pays de cette province maritime passer progressivement aux mains des Ottomans, au fur et à mesure que disparaissaient les derniers États indépendants des Balkans. Habituée à défendre avec panache son Stato da Mar jusqu’aux espaces les plus lointains de la Méditerranée et de la mer Noire, d’où elle puisait ses richesses et sa prépondérance maritime, Venise considérait donc avec condescendance cette maigre bande de terre dalmate, peuplée de paysans pasteurs et agriculteurs, aux villes étriquées étroitement quadrillées par un pouvoir central jaloux de son autorité.

Cette image largement répercutée par l’historiographie traditionnelle aurait pu décourager de nouvelles recherches. Mais S. Sander-Faes parvient à renverser ces préjugés dans sa remarquable monographie. Après un long travail dans les archives de Zadar, la lecture des sources vénitiennes publiées ainsi qu’une vaste consultation de la littérature historique moderne, l’auteur dresse un tableau de la société urbaine de la capitale administrative de la Dalmatie et de l’Albanie vénitienne qui étonne par la nouveauté dans les méthodes de recherche, la richesse et la diversité des résultats obtenus.

Ce n’est pas un hasard si l’auteur a choisi d’accompagner le titre de son ouvrage d’un soustitre tel que « La Dalmatie et le commonwealth vénitien ». Tout autant que l’élite patricienne [End Page 1036] de la métropole lagunaire, l’élite patricienne du chef-lieu de sa province dalmate est le pivot de l’histoire économique et sociale du Stato da Mar vénitien, et l’auteur le démontre en faisant appel à deux séries essentielles de documents des archives urbaines qui, selon lui, n’ont pas fait l’objet de recherches exhaustives par le passé : les actes de procuration et les actes de vente et de location de terres établis par les notaires à Zadar, qui furent rédigés durant les quelques décennies qui séparent les deux grandes batailles navales entre des coalitions chrétiennes et les Ottomans, celle de Prévésa, au cours de la première guerre de la Sainte-Ligue (1538-1540), et celle de Lépante, au cours de la seconde (1571-1573), dont les séquelles furent durement ressenties dans la Dalmatie vénitienne. Il faut souligner que ces deux séries d’actes ne concernent pas uniquement le district de Zadar, mais aussi des villes et bourgs fortifiés de l’arrière-pays comme Nin, Nadin, Vrana, ainsi que les grandes îles du golfe de Kvarner de l’Adriatique centrale, telles Brač, Hvar, Korčula, etc.

L’auteur étudie avec une grande minutie 930 actes notariaux et dresse un portrait de la société urbaine de Zadar. Les acteurs ne sont pas uniquement les quelques dizaines de représentants...

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