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Reviewed by:
  • « Arriver » en ville. Les migrants en milieu urbain au Moyen Âge dir. by Cédric Quertier et al.
  • Julien Briand
Cédric Quertier, Roxane Chilà et Nicolas Pluchot (dir.) « Arriver » en ville. Les migrants en milieu urbain au Moyen Âge Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, 329 p.

En écho à des enjeux contemporains, l’ouvrage se propose d’étudier la situation des migrants dans les villes du Moyen Âge. Il réunit quinze communications, solidement encadrées par le bilan historiographique dressé par Denis Menjot en guise d’introduction et par les conclusions de Patrick Boucheron. Le propos, essentiellement centré sur les villes de l’Europe occidentale entre le xiie et le xve siècle, tire profit d’intéressantes ouvertures vers les mondes musulmans et byzantins ainsi que, de façon plus exceptionnelle, vers les périodes antérieures.

Le thème est porteur, comme l’indique la multiplication des études collectives consacrées aux migrants et aux étrangers depuis les années 19901. Ce renouveau historiographique traduit une rupture dans la perception de sociétés longtemps présentées comme immuables et stables. L’approche du livre se veut résolument sociale et son originalité réside dans l’échelle adoptée, qui entend prendre en compte des individus plus que des groupes sociaux. Il s’agit de repérer les nouveaux arrivants, d’appréhender leur niveau social et leurs motivations, d’étudier, enfin, les stratégies d’intégration à leur nouveau milieu, à court comme à long terme. L’objectif est de comprendre « comment les gens venus d’ailleurs deviennent des gens de la ville et transforment en retour la société qui les accueille » (p. 29).

Relativement balisé, le sujet n’est pas aisé pour autant, dans la mesure où le nécessaire repérage des nouveaux arrivants pose problème. Il n’existe pas d’enregistrement spécifique, ce qui oblige à croiser de multiples sources. À cet égard, le cas des cités communales italiennes [End Page 1025] est, encore une fois, particulièrement intéressant, même s’il demeure exceptionnel. Étienne Hubert montre en effet que, dès le milieu du xiiie siècle, les statuts communaux s’intéressent à la manière de désigner les habitants, sous l’influence des juristes qui cherchent à éviter toute erreur sur la personne nommée dans les actes. Au xive siècle, le souci d’identification de l’individu connaît un nouveau degré, certaines catégories, tels les esclaves, faisant l’objet d’une véritable fiche signalétique. Un contrôle social par l’écrit et par le droit s’opère donc. À partir de sources plus classiques, c’est-à-dire essentiellement fiscales, Matthieu Scherman met en évidence l’importance de la mobilité trévisane, en dépit des difficultés à la saisir précisément, du fait du flou du vocabulaire et des pièges que recèle une anthroponymie devenue héréditaire depuis la seconde moitié du xiiie siècle.

Sur ce point, l’ouvrage confirme ce que l’on savait déjà quant à l’aire de recrutement urbain, à savoir que, dans la plupart des cas, artisans, domestiques et ouvriers étrangers à la ville viennent de son plat pays. Les villes universitaires et les capitales, mises en valeur par plusieurs articles, attirent dans un rayon bien plus large. Encore faut-il distinguer les établissements en fonction de leur renommée, l’université de Toulouse se contentant d’un recrutement régional (Judicaël Petrowiste) tandis que celle de Paris a, bien entendu, un rayonnement européen, même si les effectifs des étudiants nordiques que parvient à repérer Élisabeth Mornet sont, somme toute, assez réduits – à peine 150 entre 1270 et 1350, soit moins de deux arrivées par an.

Concernant l’identification des migrants dans les capitales, Jérôme Hayez aborde le cas très intéressant des marchands toscans à Avignon. Grâce à une documentation variée, comprenant aussi bien des actes notariés que des comptabilités et des archives privées, environ 2 700 individus sont comptabilisés entre 1290 et 1430. À cette occasion, l’auteur souligne l’écart entre...

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