In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Lyon, 1250-1550. Réalités et imaginaires d’une métropole by Jacques Rossiaud
  • Pierre-Henri Guittonneau
Jacques Rossiaud Lyon, 1250-1550. Réalités et imaginaires d’une métropole éd. par J.-L. Gaulin et S. Rau, Seyssel, Champ Vallon, 2012, 542 p.

Vingt-sept articles de Jacques Rossiaud, éminent spécialiste des villes médiévales, composent cet ouvrage qui réunit la partie lyonnaise des travaux de cet historien, spécialisé par ailleurs dans l’étude du Rhône et de la prostitution au Moyen Âge. Novateurs ou de synthèse, inédits ou tirés d’actes de colloques, de revues d’érudition locale et de mélanges offerts à d’autres historiens, ces textes, rédigés entre 1964 et 2011, attestent la profonde familiarité de l’auteur avec les [End Page 1010] sources lyonnaises du Moyen Âge et des Temps modernes, les multiples thématiques qu’elles lui ont permis de privilégier et les renouvellements de l’historiographie auxquels il a participé depuis le dernier tiers du xxe siècle en ce qui concerne l’histoire des villes.

Plus particulièrement, les travaux de J. Rossiaud sur Lyon ont profondément enrichi et, souvent, reconsidéré ceux qui les ont précédés. Mieux encore sans doute, ils ouvrent, selon l’avis énoncé par Jean-Louis Gaulin et Susanne Rau dans leur postface, des pistes de recherche sur les institutions urbaines, sur les sources fiscales, sur l’espace sacré ou encore sur les relations interurbaines dans l’espace voisin ou plus loin encore. Hommage à l’historien de Lyon, ce livre se présente aussi comme un encouragement à approfondir les études déjà consacrées à cette grande ville.

Les articles sont rassemblés en sept parties et abordent de multiples facettes de la métropole lyonnaise entre 1250, date vers laquelle la documentation se fait plus ample, et 1550, qui correspond à l’apogée des foires urbaines – mais l’auteur porte aussi son regard bien en amont et en aval de ces dates. Sont tour à tour étudiés l’espace urbain et son environnement fluvial, la fiscalité, le mouvement confraternel, les assises et les rituels du pouvoir, les manières de vivre ou encore les représentations de la ville et de sa société telles qu’elles apparaissent sous la plume des humanistes.

Chaque fois, les angles d’attaque sont différents : le fameux Plan scénographique de 1550, les documents fiscaux que sont les « Vaillants » et les « Nommées », l’édition du De proprietatibus rerum imprimé à Lyon en 1482, la procession de l’Ascension, la lexicographie relative aux travailleurs semi-qualifiés, le bilinguisme dans les registres du consulat, une monographie familiale, les fraternités de jeunesse ou encore les œuvres des premiers humanistes de la ville. Ces thèmes et leurs modes d’exploration, s’ils sont fort divers, relèvent cependant tous d’une histoire sociale, comme J. Rossiaud le rappelle lui-même dans les lignes par lesquelles s’ouvre le livre. Il y souligne, ce qui ressort avec force à la lecture, son exigence de s’attacher au collectif, à la manière d’un historien, voire d’un ethnologue.

L’ordonnancement des articles fait des deux parties liminaires, « Synthèse » et « Cadres », les fondations sur lesquelles s’élèvent les cinq autres, qui détaillent avec des lunettes grossissantes ce que les premières embrassent largement. L’ouvrage débute ainsi par le portrait de Lyon au temps de sa splendeur, entre 1500 et 1562, de l’épanouissement de la ville commerçante aux premiers assauts de la Réforme. C’est l’histoire du dynamisme de la métropole et de sa société que l’auteur retrace : les foires et leur animation de la ville depuis 1420, les activités nouvelles comme l’imprimerie et la soierie, la population et ses mouvements, les murs et le bâti, les institutions municipales et leurs faiblesses, les sociabilités, la célébration de la ville par les humanistes. Les relations sociales y sont envisagées à travers leurs tensions, à l’occasion de la Grande Rebeyne en 1529, ou dans l’apaisement relatif de ces...

pdf

Share