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Reviewed by:
  • Die Neuwerker Bauern und ihre Nachbarn im14. Jahrhundert by Ludolf Kuchenbuch
  • Julien Demade
Ludolf Kuchenbuch Die Neuwerker Bauern und ihre Nachbarn im 14. Jahrhundert Constance, UVK Verlagsgesellschaft, 2013, 246 p.

Centré sur le censier des bénédictines de l’abbaye de Neuwerk dans la ville de Goslar [End Page 991] (Basse-Saxe), daté de 1355, le livre de Ludolf Kuchenbuch porte sur l’un des types documentaires les plus communément conservés pour le Moyen Âge, mais qui est aussi l’un de ceux que l’histoire sociale a eu le plus grand mal à s’approprier (à la différence par exemple des comptes ou des chartes). Il est en effet malaisé de savoir que tirer de ces énumérations toujours semblables et pourtant si difficilement formalisables de revenus, ainsi que des biens et des personnes qui les doivent, énumérations qui le plus souvent taisent les rapports sociaux sousjacents. Ainsi s’explique que, tout particulièrement en Allemagne, ces documents n’aient souvent été utilisés que dans une optique purement descriptive, et non analytique, faisant l’objet d’études en termes de Besitzgeschichte, qui n’a jamais d’intérêt qu’érudit et local (la Besitzgeschichte est un peu pour la seigneurie ce que la généalogie est pour un lignage : au mieux un préalable à une étude scientifique, un simple rassemblement de matériaux). C’est au contraire tout l’intérêt de l’ouvrage de L. Kuchenbuch que de s’être demandé à quelles conditions il pouvait être possible de rendre un tel document parlant, et d’avoir réussi cette gageure.

L’étude réussie d’un censier, en termes d’histoire sociale, réside pour lui dans le dépassement documentaire complet de la source originale, c’est-à-dire à la fois dans l’étude d’autres censiers de la même région et de la même époque, mais aussi dans celle de tous les autres types de documentation pratique disponibles; en effet, le sens n’étant jamais que relatif, il ne peut s’atteindre que par la comparaison. Par-là, L. Kuchenbuch a été novateur dans la mesure où il a produit une étude régionale sur les modalités du rapport seigneurial, un type d’étude qui, s’il est relativement commun en France, est en revanche très rare en Allemagne, où généralement les travaux portent sur une seule institution ou un seul lignage.

Mais, surtout, L. Kuchenbuch a rassemblé une documentation formidable, à laquelle ses riches annexes, qui la résument, rendent hommage. Car, pour que la documentation ainsi rassemblée puisse donner lieu à une comparaison autre qu’impressionniste, il était impératif d’en formaliser l’analyse en des termes communs, ce qu’a fait l’auteur grâce à de nombreux tableaux – et quiconque a été amené à étudier de près des censiers sait combien ils sont tout entiers faits de variations de détail difficilement formalisables, et combien donc se cache de travail et d’intelligence des sources derrière la confection de ces tableaux.

Ce traitement de la documentation a permis à L. Kuchenbuch d’aboutir à des résultats novateurs, qu’il a par ailleurs su intégrer dans une analyse d’ensemble restituant leur (probable) sens en termes d’histoire sociale. Ces résultats sont essentiellement de deux ordres. D’une part, il s’agit, par le biais d’une très fine analyse de ces documents aussi mutiques qu’ambigus que sont les censiers, de démontrer que, au xive siècle en Ostphalie, le manse du Moyen Âge central, s’il était encore bien conservé dans la terminologie seigneuriale, ne correspondait plus à une unité effective d’exploitation dans la mesure où il était regroupé dans des ensembles plus vastes, prodromes de ces Meierhöfe qui caractérisent l’essentiel de l’Allemagne du Nord à l’époque moderne (et qui sont comparables aux grandes exploitations du nord de la France données à ferme). D’autre part, il s’agit, par l’exploitation quantitative, rare dans l’historiographie allemande, d’un très grand nombre de censiers, de reconstruire le prélèvement seigneurial qui pesait sur ces unit...

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