Abstract

À travers une approche comparative qui va de l’exposé des vicissitudes d’un individu (Denis Diderot) à l’étude des comportements de groupes sociaux très différents, à la fois urbains et ruraux, l’article montre pourquoi et comment, au-delà de certaines particularités dans les usages et les stratégies, une logique commune des échanges matrimoniaux se fait jour, qui constitue un trait distinctif de « l’identité » française et plus largement européenne occidentale. L’article remet en cause la distinction, avancée par Fernand Braudel, entre sociétés « étroites » faites de relations simples, concrètes, peu variables, et sociétés « larges et complexes ». La famille, la parenté, le mariage et l’alliance sont susceptibles d’une approche anthropologique ouvrant de nouvelles perspectives à la recherche historique. L’étude propose une première explication des fondements idéologiques d’origine religieuse qui ont soutenu cette logique et des éléments culturels et socio-économiques qui en ont déterminé la crise au cours des xviii e-xix e siècles, en insistant particulièrement sur le problème de la mobilité de la population. Cette crise ouvre la voie au système contemporain. Les acquis de cet article conduisent à proposer quelques réflexions sur le problème du contexte en histoire.

Abstract

This article traces the emergence of the common system of matrimonial exchange that, despite certain particularities in customs and practices, forms an essential part of French, and more broadly Western European, “identity.” It adopts a comparative approach extending from the experiences of one individual, Denis Diderot, to the behavioral study of very different social groups, both urban and rural. In so doing, it questions the distinction made by Fernand Braudel between “narrow groups” consisting of simple, concrete relationships with few variations and “large and complex societies.” Anthropological approaches to family, kinship, marriage, and alliance open up new perspectives for historical research. The article thus provides an initial explanation of the ideological foundations, grounded in religion, which underpinned this matrimonial system and the cultural and socioeconomic factors that threw it into crisis in the eighteenth and nineteenth centuries, emphasizing in particular the mobility of populations. It was this crisis that paved the way for the development of the modern system. Finally, the article’s findings give rise to certain reflections on the question of context in history.

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