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  • Groupes masculinistes:Défier le féminisme
  • Susan B Boyd (bio) and Elizabeth Sheehy (bio)

Les 26 et 27 mai 2014, des intellectuelles féministes et proféministes de diverses disciplines, en provenance du Canada, des États-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Israël, du Royaume-Uni, de Pologne, de Suède et de Taïwan se sont réunies au Peter Wall Institute for Advanced Studies de l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver, pour participer à un atelier intitulé « Groupes masculinistes: défier le féminisme ». L’atelier était organisé par Susan B Boyd, alors titulaire de la Chaire d’études juridiques féministes à la faculté de droit Allard, et fut généreusement financé par l’institut Peter Wall, la faculté de droit Allard, le Centre for Feminist Legal Studies à la Faculté de droit de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) et la Revue Femmes et droit (RFD).

L’atelier visait à réfléchir sur une nouvelle source de résistance au féminisme: les organisations agissant pour défendre les droits et les intérêts des hommes et des pères. Ces groupes soutiennent que le droit (surtout en matière de droit de la famille et de violence contre les femmes), l’éducation et les subventions gouvernementales discriminent les hommes. L’atelier constituait aussi une opportunité de réfléchir, de se mettre à jour et de faire preuve de créativité dans le développement des théories et des stratégies féministes. On y a abordé deux questions clés: (1) comment les actions et les discours de groupes masculinistes dans divers pays et dans le monde construisent, par leur discours, le féminisme et (2) quelles leçons le mouvement féministe doit tirer, tant au pays que dans le monde, historiquement et actuellement, de la légitimité croissante des groupes masculinistes. Tous ces groupes ne sont pas conservateurs ni ouvertement antiféministes1, mais ils sont nombreux à l’être—certains sont même malveillants2—et voudraient revenir à ce qu’ils perçoivent comme un monde préféministe et traditionnel quant aux rôles genrés et aux « valeurs familiales ». Pour défendre leurs points de vue, ces groupes utilisent diverses tribunes, comme les débats sur les réformes du droit, le cyberespace et les médias3. De plus, ils se présentent dans des lieux publics, comme les tribunaux [End Page 11] et les édifices gouvernementaux, ils brandissent souvent des bannières ou se présentent comme des superhéros4. Pour compliquer le tableau, les groupes de défense des droits des hommes et des pères comprennent souvent des femmes, parfois comme porte-paroles5.

Notre atelier et les articles qui en émanent révèlent que, malgré les nombreuses similitudes dans les stratégies internationales des militants masculinistes et les expériences des féministes, la résistance au militantisme féministe change considérablement de forme selon les pays et les juridictions. Quant aux similitudes, on retrouve dans bien des pays, y compris au Canada, les pressions que font les groupes de droits des pères pour exiger le partage des responsabilités parentales et leurs critiques des féministes qui suggèrent de limiter une telle norme (par exemple, dans les cas de violence conjugale). Cela dit, certains pays, comme Taïwan, n’ont pas encore produit ce type de groupes de défense des droits des hommes, comme le démontre Chao-ju Chen dans le présent numéro. De plus, les approches adoptées par le mouvement des droits des hommes peuvent changer. Certains de ces militants ont commencé à faire porter leur discours sur la santé plutôt que sur les droits, comme le montre Michael Salter dans le contexte australien. Au Canada, leur discours s’est quelque peu éloigné du droit de la famille pour cibler les féministes qui combattent l’agression sexuelle et la violence intime contre les femmes6, ce qui ne veut pas dire qu’ils aient abandonné les autres domaines ou qu’ils ne les aborderont pas. En Israël, pour atteindre leurs objectifs, les groupes masculinistes ont fait appel...

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