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Reviewed by:
  • Hédi Bouraoui. La parole autre. (L’homme et l’œuvre) by Rafik Darragi
  • Simona Emilia Pruteanu
Darragi, Rafik. Hédi Bouraoui. La parole autre. (L’homme et l’œuvre). Paris: L’Harmattan, 2015. isbn 9782343052069. 196 p.

Ancien professeur à l’Université de Tunis et titulaire d’un doctorat d’État ès lettres anglaises (La Sorbonne-Paris IV), Rafik Darragi nourrit un projet ambitieux avec sa dernière publication Hédi Bouraoui. La parole autre. (L’homme et l’œuvre). Alors que l’œuvre de création et de critique littéraire du poète, nouvelliste et universitaire canado-tunisien n’a plus besoin d’introduction—le nombre de distinctions et prix internationaux reçus rivalisant avec la totalité de son œuvre prolifique—, le livre de Darragi est le premier qui se rapproche autant de la biographie que de l’exégèse. Hédi Bouraoui. La parole autre. (L’homme et l’œuvre) s’efforce de montrer comment l’essence d’Hédi Bouraoui, l’homme, se reflète dans les écrits de cet écrivain humaniste.

Les quatre chapitres du livre alternent les détails biographiques avec des études approfondies de l’œuvre de Bouraoui afin d’expliquer la naissance de cette “parole autre” dont le lecteur ne pourra trouver de définition unique dès le début. Cependant, il ne faut pas nécessairement prendre cette “absence” pour une faiblesse théorique, mais parcourir tout le volume afin de se faire une idée sur les multiples facettes de la “parole autre” bouraouïenne.

Les origines de cette “parole autre” sont esquissées dans le premier chapitre intitulé “L’Homme” dont les cinq sous-parties retracent le parcours personnel et professionnel d’Hédi Bouraoui, à partir de la Tunisie, en passant par la France et les États-Unis, pour enfin faire du Canada son pays adoptif. Néanmoins, le troisième chapitre intitulé “Hédi Bouraoui le fraternel” laissera transparaître l’attachement inconditionnel de Bouraoui à la France, où il choisit de passer presque autant de temps qu’au Canada. La conclusion de ce premier chapitre jette une nouvelle lumière sur les assises de l’éthique qui imprègne tous les écrits d’Hédi Bouraoui. Selon Darragi, le fort sentiment de responsabilité que l’auteur ressent envers les autres [End Page 210] et sa recherche constante d’une identité de la différence—qu’il a si bien saisie dans sa définition du transculturalisme—sont les conséquences logiques d’une longue carrière de pédagogue humaniste.

Le deuxième chapitre intitulé “La parole autre” passe en revue les grands concepts de l’écriture de l’auteur, et s’avère éclairant tant pour ceux qui travaillent sur l’œuvre d’Hédi Bouraoui que pour ceux qui viennent de la découvrir. Dans la première sous-partie, “Identité et altérité,” Darragi parvient à circonscrire, parmi la multitude de sujets qui se dégagent des œuvres de Bouraoui, trois problématiques majeures, intimement liées: la quête de l’identité dans le contexte de l’immigration, la quête de la connaissance de l’Autre et la définition des convictions éthicolittéraires de l’auteur. Chacun de ces axes de recherche a bénéficié d’un renouvellement de la langue au niveau de concepts opérationnels, puisque Bouraoui y a mis son empreinte grâce à des “mots-concepts” tels que “racineries” (65), “l’écrivant” (84) ou bien “l’écriture interstitielle” (84). S’étant interrogé sur les raisons de toutes ces inventions lexicales, Darragi conclut qu’il s’agit d’une revendication dans la langue de la mission du poète: “La langue française qu’il manie avec maîtrise et les mots-concepts qu’il ne cesse d’inventer, lui offrent à cet égard un moyen privilégié non seulement de sonder les âmes et de révéler son propre univers psychologique, mais également pour souligner à loisir le pouvoir de création poétique” (80).

La sous-partie “La violence et le sacré” passe en revue les écrits de Bouraoui dans lesquels celui-ci fustige toute forme d’inhumanité, de haine et de destruction. En po...

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