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  • Un regard sur l’Amérique du NordSection dirigée par Roseanna Dufault, Ohio Northern University
  • S. Pascale Dewey
Saint-Martin, Lori. Mathématiques intimes. Microrécits. Québec: L’instant même, 2014. isbn 9782895023487. 98 p.

D’emblée, la couverture souple de ce fascicule carré et mince—qui regroupe cinquante-quatre microrécits autour de treize thèmes annoncés par de gros titres—intrigue et nous interpelle avant même que nous ne prenions connaissance de son contenu. Signée Zoë Jaremus, cette couverture frappe par sa blancheur aveuglante et représente une étroite fenêtre-miroir rectangulaire de dix carreaux, suspendue à un mur de briques badigeonnées de peinture blanche. Ce cadre surplombe de façon asymétrique l’espace d’un canapé de toile blanc crémeux aux lignes modernes, vide et adossé contre ce mur. L’ensemble se trouve dans une pièce spacieuse mais déserte, elle aussi, d’un blanc monacal ou médical. L’embrasure de cette fenêtremiroir en bois marron foncé se détache sur le mur et nous force à nous interroger sur ce décor dépouillé et aveuglant de lumière, de silence et d’impassibilité. L’espace vide, comme figé, de ce décor aseptisé est à peine interrompu par trois ou quatre minuscules feuilles vertes dans le coin supérieur gauche de la couverture. Cette touche verdoyante signifie-t-elle que la vie attend quelque part comme semble vouloir le symboliser aussi le fragment d’une silhouette féminine dont on aperçoit à peine une partie de la silhouette dans l’encoignure du dernier des dix carreaux de cette fenêtre-miroir? L’on ne voit d’elle que le fragment d’une épaule et d’un bras dénudés et quelques boucles frisées retombant sur sa nuque. Elle se tient debout, [End Page 204] dans la pièce adjacente ou bien de l’autre côté du miroir et du mur telle une sorte de passe-muraille. Est-ce ainsi ou bien plutôt le reflet de l’angle opposé de la pièce dans laquelle se trouve le divan moderne de toile? Quoi qu’il en soit, oublieuse de notre regard, debout, elle demeure hors de portée, inaudible et absente. La scène seraitelle un rappel symbolique de paroles gelées, le manteau blanc de l’hiver québécois qui étouffe les bruits, tel un linceul, signe de la mort qui guette toute vie, moment inéluctable du passage du temps qui s’arrête ouvrant sur l’inconnu et le mystère de l’éternité? Ou bien est-ce le mystère des êtres que même la littérature ne peut parvenir à déchiffrer? Il semble que l’interprétation soit laissée à notre imagination. C’est aussi l’effet produit par le contenu de ce petit ouvrage original. Il se compose d’un enchaînement d’histoires à la fois complètes par elles-mêmes, indépendantes les unes des autres et pourtant reliées par un fil commun comme le rappellent tous ces titres thématiques comme autant de pièces d’une maison qui ne communiquent pas vraiment, symbolisant l’échec du dialogue entre ceux qui l’habitent. À l’exception des deux premières sections qui rassemblent trois microrécits chacune, toutes les autres regroupent quatre histoires de longueur variable. La plus brève occupe une seule ligne au milieu de la page soixante-dix-neuf. Elle rappelle le titre singulier de cet ensemble et laisse perplexe, suscitant le questionnement de ce mystère qu’est l’Autre, la rencontre de l’altérité et le cœur insondable de chaque être humain: “Dans mon pays, j’enseignais les mathématiques.” Le plus long de tous ces microrécits consiste en six paragraphes qui s’étalent sur deux pages un quart (91–93).

Une table des matières sert de référence pour identifier et retrouver plus facilement celui des microrécits que l’on voudrait relire ou comparer avec un autre, permettant au lecteur d’ouvrir ce fascicule à n’importe quelle page, selon le thème choisi, selon la fantaisie ou...

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