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  • Un regard sur la CaraïbeSection dirigée par Isabelle Constant, University of The West Indies, La Barbade
  • Isabelle Constant
François, Cyrille. Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal, étude critique. Paris: Éditions Honoré Champion, 2015. isbn 9782745329240. 125 p.

Cette étude critique sur Cahier d’un retour au pays natal propose plus de choses que le titre ne le promet; en effet, elle donne de manière concise une excellente idée du contexte de l’écriture de ce texte fondateur, en commençant par un court chapitre intitulé “1939…” Elle nous ramène dans les années trente à la naissance du mouvement de la négritude, rappelant les débuts militants de Césaire à Paris, sa contribution aux revues qu’il anime, d’abord L’Étudiant noir puis Tropiques. Elle raconte comment, en 1945, Césaire est propulsé presque malgré lui à la mairie de Fort-de-France puis devient député de la Martinique. Le parcours littéraire de Césaire, [End Page 192] comme cette étude le montre, suit l’évolution de sa lutte politique pour la reconnaissance des peuples noirs et évoque leur contribution à son parcours. Cyrille François rappelle en effet la place de l’amitié avec les autres grands hommes à l’origine du mouvement de la négritude, tout d’abord le futur premier président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, qui lui fait découvrir l’Afrique, et le poète et futur député guyanais Léon Gontran Damas. Les thèmes tels que l’acculturation des Martiniquais, le “complexe de lactification” longuement étudié par Frantz Fanon, la lutte contre les hiérarchies de couleur, ainsi que son engagement contre la guerre au Vietnam sont évoqués dans le chapitre premier sur le parcours de l’écrivain. Très détaillée, l’étude précise les dates de ses publications suivant l’évolution de sa pensée politique et philosophique, ainsi que les noms des écrivains qui se réunissaient autour de la librairie Présence Africaine, par exemple Birago Diop, le poète malgache Rabemananjara, Mongo Beti, Bernard Dadié. L’étude s’appuie sur les nombreux essais de Lylian Kesteloot et de bien d’autres spécialistes de Césaire comme Lylian Pestre de Almeida, Combe, Arnold, Ngal… L’auteur rend également hommage aux écrivains français qui ont soutenu la revue Présence Africaine dans les années quarante, Gide, Sartre, Camus, Leiris, pour ne citer que les plus connus, et signale les influences poétiques de Césaire, essentiellement Rimbaud, Baudelaire et Lautréamont. Il explique également en une phrase pourquoi Aimé Césaire a défendu le projet de départementalisation en 1946 “afin que le peuple obtienne l’égalité des droits (justice sociale, allocations, congés payés) avec les métropolitains” (22). À ce propos, si l’auteur le mentionne dans sa bibliographie, il ignore le texte polémique de Confiant Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle. Par contre, il cite, pour insister sur l’importance du mouvement de la négritude, le succès de l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de Léopold Sédar Senghor. Pour un lecteur ou un étudiant désireux de s’informer sur l’historique du mouvement de la négritude, le premier chapitre de ce texte (qui, après le préambule “1939…” n’en comporte que trois: “1. Parcours de l’écrivain, 2. L’œuvre et sa construction, 3. Personnages) constitue une très bonne introduction. Ce texte, assez exhaustif, a également pour avantage de montrer par endroits l’actualité de la réflexion de Césaire. C’est pourquoi, malgré les nombreuses études déjà existantes, il n’était pas redondant ni inutile d’écrire cette étude critique. Par exemple, si Césaire décrit en 1965 l’importance du théâtre aux Antilles, en 2015 cette importance ne se dément pas: la production théâtrale y est toujours reçue avec enthousiasme. Cyrille François synthétise en quelques mots le propos essentiel des quatre tragédies de Césaire, Et les Chiens se taisaient (1956...

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