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  • Les images françaises dans la littérature franco-chinoise: en commençant par Ki-tong Tcheng
  • Wen-Hui Chang

L’envol de la littérature franco-chinoise

Dans l’esprit des Occidentaux, et même dans l’esprit des Chinois contemporains, nous pensons généralement que la Chine, dans l’ancien temps, se repliait complètement sur elle-même. Or, contrairement à ce que nous pouvons croire, depuis l’antiquité, il ne manquait pas de grands voyageurs chinois traversant monts et mers pour créer des relations amicales et diplomatiques, pour chercher ailleurs la doctrine, le savoir, ou tout simplement pour faire du commerce extérieur.

Les voyages effectués par les premiers Chinois en Europe datent de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle.1 Durant plus de cent ans, ces Chinois sont amenés en majorité par les missionnaires européens, soit pour les former en théologie, soit pour les prendre comme serviteurs pour leurs voyages en Europe. Au moment où les voyageurs-missionnaires décrivent la France dans une langue occidentale, c’est à dire une langue non-maternelle, beaucoup d’écrits dépeignent ce qu’ils ont rencontré, les images de la France. Ce sont plutôt des ouvrages historiques ou des essais notant les contacts avec les voyageurs français venus en Europe, les rumeurs entendues, ou même des faits imaginaires (Shi 40).

Le XXe siècle est une époque très mouvante, foisonnante de problématiques dans l’histoire des échanges culturels sino-français. Grâce aux progrès de la technologie, les moyens de transport se perfectionnèrent alors rapidement, et rendent le voyage beaucoup plus aisé par avion. Il s’ensuivit que les voyageurs furent de plus en plus nombreux entre la France et la Chine, surtout [End Page 475] au début du XXe siècle. Ce phénomène de voyage influence une importante migration entre la Chine et la France. En 1911, il est comptabilisé 283 Chinois en France. La micro société chinoise de la Belle Époque (1900–1914) était très composite: étudiants, journalistes, intellectuels anarchistes, et déjà quelques marchands de produits chinois, deux ou trois restaurateurs et manucures. Cette migration se découpe en trois grandes périodes: tout d’abord, l’origine du mouvement migratoire au tournant du XXe siècle, avec l’arrivée de commerçants et de leurs employés de l’époque; ensuite, l’arrivée d’un contingent d’ouvriers chinois entre 1916 et 1917, période où éclatent plusieurs scandales écrasés par la censure: des émeutes, des grèves et des morts. Enfin, dans les années trente, un accroissement de l’arrivée des gens de Chine, pour les raisons politiques (Poisson 6).

Dès le début du XXe siècle, un phénomène important de lancement d’écrivains chinois en France commence à germer dans le domaine de la littérature française. Ces écrivains franco-chinois, Tcheng Ki-tong, Tcheng Cheng, Cheng François, Gao Xingian, Dai Sijie, et Shan Sa,2 profitent de leurs expériences interculturelles pour décrire ce qu’ils observent et ce qu’ils éprouvent en France afin d’apporter une nouvelle vision sur les images françaises. Aussi, leurs œuvres littéraires en langue non maternelle française sont donc considérées comme le reflet de leur propre identité. Par cette étude, nous viserons la théorie d’imagologie et évoquerons les images françaises dans les œuvres: Comment on devient Parisien (Tcheng Ki-tong), Le Dit de Tianyi (Cheng François), et Balzac et la Petite Tailleuse chinoise (Dai Sijie). Dans notre exposé, nous espérons d’une part pouvoir décrire avec davantage de précision le fossé interculturel existant dans les œuvres littéraires des écrivains franco-chinois quant aux images françaises- les Autres. D’autre part pouvoir engager le problème d’identité entre le pays d’origine (la Chine) et le pays d’accueil (la France).

Le parfum et l’esprit français dans Comment on devient Parisien

À l’époque classique, les...

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