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  • Consentement, collaboration et traité :vers une praxis anticoloniale des rapports de recherche entre autochtones et colonisateurs
  • Brian Noble (bio)

Introduction

Les auteurs de cette section thématique d’Anthropologica explorent les contours de praxis de recherche des anthropologues et autres chercheurs engagés dans la lutte anticoloniale et décoloniale des rapports entre colonisateurs et Autochtones1. Ces articles sont mus par trois axes de recherche complexes et rendus de plus en plus explicites lorsqu’il est question de ces rencontres : premièrement, l’idée d’obtenir le consentement des Peuples Autochtones qui sont approchés en tant que Peuples; ensuite, de promouvoir des relations de recherches collaboratives respectueuses en tant que personnes ; et enfin, de prendre au sérieux les idées et pratiques fondamentales de traité comme guide pour agir ensemble, de manière respectable, en tant que chercheurs, personnes et peuples. Les recherches ici présentées exposent nos visions et savoirs empiriques partagés au sujet des relations entre colonisateurs et Autochtones, rapports qui sont toujours hantés par le double problème de dépossession coloniale / imposition coloniale ainsi que les mouvements croissants d’action décoloniale et la création d’alliances entre Autochtones et colonisateurs – Idle no More étant un exemple majeur d’une telle orientation2.

Ces articles démontrent comment les trois modes d’engagement – consentement, collaboration et traité – s’entrecroisent dans la pensée, la praxis et les échanges vécus entre Autochtones et colonisateurs. En plus d’être stimulés par les questions que posent ces pratiques, nous examinons comment elles nous forcent à prendre position – en tant que chercheurs et personnes, que nous soyons colonisateurs ou Autochtones – par rapport aux faits découlant du milieu politique actuel et de leurs antécédents historiques. Les articles qui sont rédigés par Emma Feltes, Josh Smith et Brian Noble partent de perspectives d’anthropologues-colonisateurs canadiens, alors que celui de Sherry Pictou, Mi’kmaq de L’sitkuk, d’une perspective autochtone de provenance académique. [End Page 419]

Dans cette introduction, je vais situer ces quatre articles en relation à un certain contexte de recherche et de pensée qui a été initié par le défi majeur lancé par Michael Asch en 2001, anthropologue qui participe d’ailleurs à cette série par un commentaire conclusif éloquent. Je vais également présenter les articles en tenant compte de l’émergence de ce que je nomme l’éthos collaboratif de la recherche anthropologique, expliquant comment cette orientation incite des pratiques de consentement et de traité.

Tel qu’il apparaîtra, nous partageons un intérêt commun pour sonder les possibilités de ce que veut dire vivre, agir et entreprendre des recherches ensemble comme des « gens qui respectent les traités », mais à la fois, comme le rappelle avec prudence et à juste titre Sherry Pictou dans sa contribution, nous soulignons la nécessité de se méfier et de différencier un tel intérêt des négociations de traités formels contemporains, qui subordonnent l’autonomie, l’autorité et les terres des Peuples Autochtones aux pouvoirs économiques et politiques de l’État souverain (Coulthard 2014; voir Scott 2011). Les idées et praxis alternatives de traités présentés dans ces articles se basent sur des antécédents historiques et des relations vécues entre Peuples Autochtones et société coloniale, ainsi que sur la participation directe des auteurs comme chercheurs engagés dans la décolonisation.

« Trouver une place où se tenir debout »

Notre point de départ commun est le défi posé par Michael Asch lors de la conférence Weaver-Tremblay en 2001, lorsqu’il a soulevé la question morale et éthique de « trouver une place où se tenir debout » au sein du milieu complexe de conflit politique entre colonisateurs et Autochtones, particulièrement au Canada (Asch 2001). Ce défi a longtemps été soutenu par Asch lui-même, puisque dès le commencement de sa carrière, et ce, 30 ans avant de recevoir le prix Weaver-Tremblay, il a entrepris des recherches collaboratives étroites et respectueuses avec les Dene. Asch a donc entamé ce combat dans les...

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