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  • Une histoire des festivals, XXe-XXIe siècles dir. par Anaïs Fléchet et al.
  • Philippe Poirrier
Anaïs FLÉCHET, Pascale GOETSCHEL, Patricia HIDIROGLOU, Sophie JACOTOT, Caroline MOINE et Julie VERLAINE (dir.). – Une histoire des festivals, XXe-XXIe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013. 354 pages.

Depuis quelques années, les recherches sur les festivals se multiplient. Cet ouvrage collectif, actes d’un colloque international organisé en novembre 2011 par le Centre d’histoire sociale de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, participe de cette conjoncture historiographique. Les lectures historiennes, longtemps minoritaires, confortent désormais des travaux qui relevaient principalement de l’économie et de la sociologie de la culture. Le caractère pluridisciplinaire et l’ambition de proposer des analyses comparées, à différentes échelles, du local à l’international, caractérise ce gros volume, bien édité. Vingt contributions, rédigées par une trentaine d’auteurs, et notamment de jeunes chercheurs, organisées en deux grandes parties (« Jalons et territoires » ; « Formes et dynamiques ») se présentent essentiellement comme des études de cas, précédées d’une introduction signée par Pascale Goetschel et Patricia Hidiroglou, et d’un essai englobant de Pascal Ory sur la définition du festival.

Le festival, manifestation culturelle éphémère inscrite dans un calendrier le plus souvent annuel, s’est progressivement imposé. Les premières tentatives, mises en œuvre dès les années 1830–1840, sont liées aux rassemblements de chorales, en [End Page 134] Angleterre, et au mouvement orphéonique, avant d’être largement appropriées par la musique savante. Le festival Beethoven de Bonn (1845), les Chorégies d’Orange (1869), les festivals de Bayreuth (1876) et de Salzbourg (1920) deviennent des étapes pour les mélomanes européens. Les festivals internationaux de Berlin (1951), de Cannes (1946) et de Venise (1932, repris en 1946), rythment la saison cinématographique, deviennent des lieux majeurs de reconnaissance artistique, pour les réalisateurs comme pour les acteurs, et s’affirment comme des événements suivis par l’ensemble des médias. Les festivals nord-américains de Monterey (1967) et de Woodstock (1969), les festivals britanniques de l’Île de Wight (1968–1970), hauts lieux de la contre-culture, du mouvement hippie et de la musique pop, frappent les contemporains, devenant de véritables « marqueurs générationnels » (Anaïs Fléchet). Issu du domaine musical, le festival a été ensuite approprié par l’ensemble des secteurs artistiques et culturels. Les arts de la scène, le spectacle vivant, les différentes formes musicales et le cinéma constituent des domaines privilégiés.

Les festivals se sont imposés comme des éléments essentiels des politiques culturelles, dans des dispositifs administratifs et discursifs qui ont pu varier selon les lieux et les époques : soutien à la création artistique issue d’initiatives privées ou d’institutions publiques, volonté de rendre accessible la culture à un plus grand nombre, défense d’une identité culturelle, participation au rayonnement culturel, outil de la diplomatie culturelle, animation de la vie culturelle, souhait de renforcer l’attraction culturelle d’un État ou d’une ville dans une logique où se combinent l’événementiel culturel, l’attraction touristique et les ressources de l’économie créative. La « festivalisation » de la vie culturelle, particulièrement sensible à l’échelle des capitales et des métropoles, est une tendance lourde qui structure l’organisation des saisons et des calendriers culturels. Certains festivals proposent désormais une programmation qui dépasse le seul moment de l’événement. À ce titre, l’histoire des festivals participe des grandes tendances qui orientent, depuis un demi-siècle, l’histoire de l’État-providence dans les domaines culturels. L’histoire comparée a le mérite de permettre d’affiner les chronologies, d’une situation nationale à l’autre, et de mieux saisir les transferts culturels. Le jeu des échelles confirme un fait majeur, nettement perceptible à l’échelle européenne : la multiplication du nombre des festivals, très nette...

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