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  • L’école des producteurs. Aux origines de l’enseignement technique en France (1800–1940)par Stéphane Lembré
  • Jacques Girault
Stéphane LEMBRÉ. – L’école des producteurs. Aux origines de l’enseignement technique en France (1800–1940), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, 339 pages. « Collection Carnot ». Préface de Jean-François Chanet.

Peut-on toujours estimer que l’histoire de l’enseignement technique reste mal connue ? Le retard dans les connaissances, constaté jadis, s’atténue. Les approches ne restent plus isolées des conditions socio-économiques des espaces concernés. Les travaux actuels s’ancrent dans des milieux sociaux, dans des régions. Stéphane Lembré rend compte de son évolution générale à partir de la France du Nord, selon ses besoins et ses richesses économiques qui exigent une main-d’œuvre à former, à discipliner pour la rendre productive.

La démarche d’ensemble est chronologique. Une première partie définit la façon dont un enseignement devient technique, professionnalisant et dont la formation professionnelle des jeunes, confondue dans l’apprentissage délaissé devant les possibilités du machinisme, offre un système qui se transforme en enseignement. Cette réflexion sert de fil conducteur aux constructions élaborées dans l’espace industriel et agricole. La dernière partie montre que les institutions nées au lendemain de la Première Guerre mondiale se déploient en associant acteurs et utilisateurs.

L’auteur, qui ne dissocie pas les spécialités et les méthodes de formation, considère que les adaptations au rythme des besoins économiques, éducatifs et politiques, mettent en évidence des obstacles à une évolution linéaire. L’enseignement technique organisé par l’État ou d’autres promoteurs (« la force d’initiative locale demeure décisive » (p. 79), tout particulièrement dans le Nord) reste dépendant des particularités anciennes des voies empruntées. Le patronat estime toujours que toute formation scolaire est inadaptée. Ainsi la diffusion de l’apprentissage, « trop facilement taxé d’archaïsme » (p. 31), fait pression sur des objectifs généraux, révisés par des modérateurs, pour la formation de la main-d’œuvre. Tout au long de la construction du système de formation, un équilibre nouveau s’instaure et ce qui est proprement régional n’est que le reflet d’une réalité nationale. Il n’en demeure pas moins que le rôle des individus (et le dictionnaire biographique permet d’expliquer les raisons de leur détermination) ne s’oppose pas aux desseins plus collectifs.

La priorité accordée à l’enseignement primaire, avec prise en charge par une réglementation nationale, laisse au secteur économique la liberté de s’organiser pour la formation professionnelle, masculine avant tout. À partir des années 1800–1890, par petites touches, en réponse aux besoins locaux le plus souvent, des pans de cette formation technique, « levier utile face à l’exigence de compétitivité » (p. 122), se mettent en place, intégrés dans l’organisation de la politique républicaine ou souvent, dans le Nord, avec l’appui du patronat qui introduit de nouvelles pratiques en rapport avec les aspirations du catholicisme social. L’amélioration de la qualité, l’intérêt nouveau apporté aux productions étrangères se conjuguent avec le progrès. Des établissements d’enseignement spécialisé apparaissent ou se transforment, telle l’école pratique Baggio à Lille inaugurée en 1899 et quelques rares établissements pour les filles. De grands serviteurs de l’enseignement technique y enrichissent leur expérience. Ainsi le futur directeur de l’enseignement technique au ministère de 1920 à 1933, Edmond Labbé, dirige l’école nationale professionnelle d’Armentières au début du XX esiècle. Marius Vachon, historien d’art, effectue des missions à l’étranger et ses rapports permettent de transformer les habitudes des entreprises du secteur concerné.

Les actions des inspecteurs de l’enseignement technique préparent la reprise en main de ces domaines d’enseignement à partir de la loi Astier qui, en 1919, donne à l’État la possibilité de contrôler des domaines où il n’avait pas vocation à intervenir. [End Page 132]S’ajoute aussi l’introduction de...

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