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Reviewed by:
  • Vicarious Kinks: S/M in the Socio-Legal Imaginary by Ummni Khan
  • Jean-Sébastien Sauvé (bio)
Ummni Khan, Vicarious Kinks: S/M in the Socio-Legal Imaginary (Toronto: University of Toronto Press, 2014).

Je n’enfoncerai qu’une porte ouverte en affirmant que peu de personnes—pour autant que l’on puisse en trouver—demeurent indifférentes face au sadomasochisme. L’on semble tou-te-s avoir, qui que nous soyons, une opinion sur le sujet. Le sadomasochisme suscite les discours. C’est à certains de ces derniers qu’Ummni Khan a choisi de s’intéresser en adoptant une position théorique féministe pro-sexe. Dans son ouvrage Vicarious Kinks: S/M in the Socio-Legal Imaginary1, elle passe en revue les discours qui émanent des domaines médico-psychiatrique, féministe, cinématographique et juridique. « The ultimate goal of this book is to analyse what variety of truth-claims and vicarious kinks are produced when s/m is rendered an object of knowledge »2, affirme l’auteure. Mission accomplie?

Le premier chapitre s’intitule « Who’s Your Daddy? S/M’s Founding Fathers ». Globalement, comme son titre le suggère, c’est l’émergence du sadomasochisme comme objet de connaissance médico-psychiatrique qui retient l’attention. Une présentation critique des thèses développées par Richard von Krafft-Ebing (1840-1902), Sigmund Freud (1856–1939) et Havelock Ellis (1859–1939) est faite. Cellesci soutiennent que le sadisme et le masochisme sont comme une exagération des pulsions biologiques naturelles. C’est cette compréhension, ajoutée à l’intérêt pour les relations sexuelles n’ayant pas un objectif procréatif, qui a permis de qualifier le sadomasochisme de pathologie. Malgré les progrès ayant été réalisés dans la science, encore aujourd’hui, le sadomasochisme reste perçu comme anormal et potentiellement dangereux. Pour preuve, l’on peut consulter la cinquième édition de la fameuse bible américaine des troubles mentaux, connue sous le nom Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5)3. Cela ne signifie pas pour autant que le milieu médico-psychiatrique adopte une position unanime par rapport au sadomasochisme. Certain-e-s la remettent en question, notamment la professeure de psychologie clinique Peggy Kleinplatz et du médecin Charles Moser, qui plaident en faveur de la dépathologisation du sadisme et du masochisme4 et par le fait même, pour le retrait de ces derniers du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders.

Dans le deuxième chapitre portant le titre « Feminist Divided: The Battle over S/M in the Sex Wars », une revue du discours féministe est proposée, en particulier [End Page 362] celui ayant été développé à propos du sadomasochisme lesbien. Pour ce faire, Ummni Khan rappelle le contexte des sex wars, puisque la réception du sadomasochisme au sein du féminisme a été marquée par les luttes ayant été menées au cours de ces dernières. Pensons à celles ayant visé la pornographie ou encore le développement d’une identité politique féministe lesbienne. C’est dans ce contexte que les positions ayant été adoptées à propos du sadomasochisme—qu’elles soient neutres, opposées ou favorables à ce dernier—sont présentées. On y note que face aux discours témoignant d’une aversion pour la pratique (discours neutres ou opposés au sadomasochisme), une résistance s’est développée (discours favorables au sadomasochisme). La bataille semble—pour l’instant, du moins—avoir été remportée par le camp ayant adopté une position neutre ou opposée au sadomasochisme : « The conflation of s/m with violence, and the characterization of its dynamics as inherently degrading, even when consent is explicit, seem to have been internalized by much of the socio-legal imaginary, particularly in Canada. »5

Vient ensuite l’étude du discours cinématographique. Dans le chapitre ayant pour titre « S/M in Showbiz », Ummni Khan s’intéresse à la conception du sadomasochisme et de ses adeptes dans l’imaginaire cinématographique populaire. Pour ce faire, certaines œuvres présentant la femme dans un rôle dominant et l’homme...

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