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Reviewed by:
  • The Women’s Land Army in First World War Britain par Bonnie White
  • Marie-Michèle Doucet
White, Bonnie – The Women’s Land Army in First World War Britain, Palgrave MacMillan, 2014, 207 p.

Jusqu’à tout récemment, les historiens qui se sont intéressés à la Women’s Land Army (WLA) ont surtout cherché à voir si la participation des femmes britanniques dans le secteur agricole pendant la Grande Guerre a mené à un [End Page 592] changement significatif dans leur statut. Plus précisément, ils ont voulu savoir si, de façon plus large, l’apport des femmes à l’industrie de guerre a mené à leur émancipation, du moins en termes d’employabilité. Dans son nouvel ouvrage, The Women’s Land Army in First World War Britain, Bonnie White pousse la question plus loin et s’intéresse à la façon dont les organisatrices de la WLA perçoivent et comprennent le travail entrepris pendant la guerre. White démontre que, si la WLA est créée en janvier 1917 avec comme objectif premier de résoudre le problème du manque de main-d’œuvre agricole – les femmes doivent remplacer aux champs les hommes qui partent au front–, les organisatrices y voient également un moyen de convaincre les agriculteurs, les recrues potentielles et le public du rôle que peuvent jouer les femmes dans le secteur agricole. À leurs yeux, le rôle de la WLA est de présenter les femmes comme une main-d’œuvre viable bien au-delà de la période de guerre.

L’entrée des femmes dans ce domaine traditionnellement masculin ne se fait toutefois pas sans obstacle. En s’intéressant aux sources provenant des sections de la WLA en Angleterre, au pays de Galles et en Écosse, White démontre les préjugés que rencontrent les Land Girl – nom communément donné à celles qui travaillent pour la WLA – dans leurs nouvelles fonctions. Convaincues que la viabilité de la WLA dépend de leur capacité à surmonter ces préjugés, les organisatrices vont consacrer une grande partie de leur effort à recruter ce qu’elles considèrent être de « bonnes » femmes, c’est-à-dire des femmes éduquées provenant de la classe moyenne. White démontre toutefois la futilité de cette approche: sur les 50 000 femmes à avoir soumis leur candidature en 1917, seules 7000 sont retenues par la WLA. En effet, les faibles salaires et la nature des travaux de la ferme dissuadent plusieurs femmes de la classe-moyenne à devenir Land Girl. En réalité, la WLA regroupe des femmes provenant de milieux sociaux et économiques divers et qui ne représentent pas une main-d’œuvre permanente. En ce sens, le discours de la WLA est loin de détruire les structures préexistantes de genre et de classe mise de l’avant à l’époque.

Le travail de White démontre avec justesse que les réalités du travail des femmes au champ sont souvent loin de ressembler à l’image romancée de la Land Girl, cette jeune femme patriotique qui trouve dans son service à la nation une nouvelle indépendance. Confrontées à la dure réalité du travail physique et aux traitements cruels des contremaîtres (et parfois de leurs épouses), plusieurs quittent leurs postes. Influencées par les discours et les idéologies de l’époque, certaines sont même amenées à croire, comme beaucoup d’agriculteurs l’avaient déjà souligné avant elles, que la place des femmes n’est pas à la ferme. White vient donc nuancer la thèse longtemps mise de l’avant par l’historiographie voulant que ce soit le public britannique, plutôt que les Land Girl elles-mêmes, qui hésite à voir les femmes travailler en agriculture pendant la guerre.

L’aspect le plus innovateur du travail de White réside toutefois dans son analyse du travail de la Woman’s Land Army of Scotland (SWLA). Elle indique d’ailleurs en introduction que les différences structurelles entre les branches anglaises et écossaises de la WLA ont longtemps dissuadé les historiens à s’intéresser à l’expérience écossaise. White comble donc, par cette analyse, un vide laissé par...

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