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  • L’incontournable caste des femmes. Histoire des services de santé au Québec et au Canada dir. par Marie-Claude Thifault
  • Denyse Baillargeon
Thifault, Marie-Claude (dir.) – L’incontournable caste des femmes. Histoire des services de santé au Québec et au Canada, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2012, 370 p.

Cet ouvrage dirigé par Marie-Claude Thifault a pour objectif de réunir une large variété de textes à l’usage des étudiants et étudiantes francophones qui s’intéressent à l’histoire de la santé et de ses praticiennes. Divisé en quatre parties, il comprend 13 chapitres, dont six sont des traductions, et entend surtout montrer que les femmes ont été omniprésentes dans le domaine des soins et de la prise en charge des populations vulnérables tout en étant placées en position de dominées, mais sans que cette position soit immuable. C’est à cette réalité complexe que réfère le titre plutôt sibyllin du livre, comme l’explique Thifault dans l’introduction (p. 11), sans nécessairement convaincre. De fait, une expression moins connotée que celle [End Page 588] de caste, qui a jadis fait l’objet de débats enflammés au sein des chercheuses féministes, aurait sans doute mieux rendu justice au contenu des articles qui, pour la plupart, visent précisément à montrer que les soignantes ont souvent cherché à sortir des cadres étroits dans lesquels le système médical a voulu les enfermer. La première partie du livre qui s’intitule « Femmes de Dieu, femmes d’affaires, philanthropes », comporte quatre textes qui s’intéressent respectivement aux interventions des Sœurs du Bon Pasteur auprès des délinquantes montréalaises entre 1869 et 1912 (Véronique Strimelle), aux œuvres caritatives des philanthropes anglo-protestantes de Montréal au XIXe et au tournant du XXe siècle (Janice Harvey), à l’évolution du travail sanitaire des Canadiennes au sein de la Croix-Rouge au cours du XXe siècle (Sarah Glassford) et, enfin, aux réseaux d’établissements mis sur pied par les religieuses hospitalières, tant au Québec qu’à l’étranger, et au travail fourni par cette main-d’œuvre quasi gratuite (Aline Charles et François Guérard). Si les deux premiers textes examinent des questions qui sont davantage périphériques au champ de la santé comme tel (quoique Harvey, contrairement à Strimelle, en dit au moins quelques mots), les deux derniers représentent des contributions qui permettent effectivement de prendre la mesure de l’importance de la présence féminine dans le domaine des soins. Comme le veut l’introduction de l’ouvrage, ils montrent tous les deux à quel point les femmes ont été incontournables au Québec et au Canada, tant dans les hôpitaux qu’au-dehors. Ils montrent aussi que les religieuses et les travailleuses de la Croix-Rouge, bénévoles ou professionnelles salariées, ont dû composer avec l’intervention de l’État durant la deuxième moitié du XXe siècle ce qui, dans le premier cas, s’est avéré un des facteurs expliquant le désengagement des communautés dans ce secteur.

La deuxième partie de l’ouvrage, qui comporte trois textes, se penche sur des infirmières qui ont connu des carrières hors du milieu hospitalier. Ainsi, Jayne Elliot analyse une partie de la correspondance de Louise de Kiriline — une infirmière d’origine suédoise qui fut responsable d’un dispensaire de la Croix-Rouge dans le nord-ouest de l’Ontario francophone avant de s’occuper des célèbres quintuplées Dionne—, afin d’explorer la construction de ses identités de genre, de classe et d’ethnicité qui l’emportaient, selon l’auteure, sur son identité professionnelle. De son côté Johanne Daigle retrace, d’un point de vue surtout institutionnel, l’histoire des infirmières dans les régions isolées du Québec, des années 1930 aux années 1970, en montrant comment les dispensaires qu’elles dirigeaient ont été au cœur des soins de santé d’une vaste portion du territoire qu...

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